Introduction
C’est le frère du romancier Aldous
Huxley, le biologiste et eugéniste, Julian Huxley qui a crée le terme transhumanisme (« transitory human ») dans les années 50. Il sera ici abrégé en H+ (sigle adopté par ce mouvement) pour éviter les trop nombreuses répétitions.
Le H+ sous sa forme actuelle
naquit véritablement en Californie dans les années 80 sous l’impulsion des
philosophes Nick Boostrom et David Pearce. Il s’agissait non plus seulement
d’exploiter un potentiel génétique sélectionné mais de piloter le devenir de
l’humanité en changeant la nature humaine elle même. L’objectif des H+ est d’entamer une transition radicale vers
une post-humanité[1]grâce
au développement exponentiel de la recherche et de ses applications dans le
domaine des nanotechnologies, de la biologie ( génétique) de l’informatique(intelligence
artificielle) et des neurosciences(cognition) rassemblées sous l’acronyme NBIC.
Le progrès scientifique permettrait de vaincre les maladies, d’accroître la longévité humaine de
manière infinie et de vaincre la mort elle-même. Pour la première fois dans
l’histoire, c’est la nature même de l’homme qui serait transmutée, celui-ci
devenant un nouveau créateur de lui-même, son propre demiurge. Cet homme
« augmented » serait un hybride mi-organique, mi- informatique: un
« cyborg » semblable à celui qu’ont popularisé les mythes antiques,[2] la littérature ou les films de science fiction. Au terme de
cette symbiose l’humain virtualisé deviendrait programme lui-même.
Joël Molinario note[3]« Le TH+ remet en cause tous les
présupposés anthropologiques portés par le judéo christianisme et relayés par
la pensée moderne. La différence homme-femme, la frontière animal-homme et
homme-nature, le lien homme- machine et les limites du corps humain d’avec le
corps prophétique et finalement la limite mortelle» qui ne serait plus
qu’une erreur.
1-La pensée Transhumanisme
Il n’y a pas un, mais des
H +. Beaucoup sont redevables à Raymond Kurzweil[4]. Ce très brillant
scientifique américain pionnier de l’Intelligence Artificielle (I.A) est à
l’origine du concept de « singularité » technologique. Selon cette
théorie, les développements technologiques devraient être si rapides que la
courbe du progrès deviendrait non plus linéaire mais exponentielle. L’I.A dépasserait
ainsi de manière irréversible à un moment « singulier » vers
2030 les capacités du cerveau de l’homme. Dans le journal La Croix
consacré au H+, une phrase de R. Kurzweil extraite de son ouvrage « The
singularity is near » l’illustre « la Singularité nous permettra de dépasser les limitations de notre
corps et de nos cerveaux, nous serons en mesure de vivre aussi longtemps que
nous le voudrons ». [5]
Le H+
postule que la convergence des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies,
informatique, neurosciences) va faire reculer la mort de façon spectaculaire,
voire la supprimer. De plus les H+ prévoyant que l’I.A ayant la capacité
de s’autoprogrammer, de se reproduire,
et d’évoluer, le cerveau humain se trouvera rapidement dépassé et obsolète sauf
à s’allier de manière fusionnelle avec l’I.A pour créer une entité hybride
mariant un organisme biologique à des prothèses électroniques et des circuits
informatiques connectés: un « cyborg ». Dans vingt ou trente ans des
nano-robots cérébraux pourraient assurer la connexion des cerveaux à internet,
et ces neuroprothèses se relieront entre elles dans des réseaux intelligents
dans lesquels réel et virtuel seront en osmose. Les T+ s’appuient sur les laboratoires de pointe de
la Silicon Valley dans la génétique, les nanotechnologies ou l’ I.A ; Ces
développements inquiètent des experts aussi avertis que le physicien
Stephan Hawking ou le fondateur de Microsoft Bill Gates qui, avec mille
scientifiques de renom, ont attiré l’attention du gouvernement américain sur
les dangers de l’I.A. En France, cette
orientation stratégique des sociétés californiennes fait l’objet de mise en
garde de nombreux « lanceurs
d’alerte » comme le chirurgien Laurent Alexandre[6], les philosophes Jean Michel Besnier[7], Bertrand Vergely[8], le mouvement technophobe
grenoblois « Pièces et Main d’Oeuvre» (MPO)[9]. Certains courants H+ sont
extrêmes comme celui des sextropiens [10] fondé par Max More et Tom
Morrow (la sextropie étant la non-entropie). Ils visent à conquérir l’immortalité
par la cryogénie, les manipulations génétiques, la transmutation du corps en
cyborg, et« l’uploading ». Les cerveaux humains téléchargés pourront
se déployer dans un univers virtuel
enfin s’affranchir de la tyrannie de la matière. Les sextropiens considèrent que les humains sous leur forme actuelle
constituent une phase transitoire de l’histoire de la matière, positionnée
entre le règne animal et un futur post -humain.
Mais par ailleurs R. Kurzweil
a mis au point de nombreux programmes d’aide aux handicapés qui sont des succès
et a créé une fondation pour aider les
handicapés moteurs. Ses réussites médicales qui permettent
de« réparer »l’homme sont révélatrices de la difficulté à saisir les
différentes facettes du H+ et de fixer la frontière entre
l’homme« réparé »et l’homme « modifié ». D’autres courants
H+, non sans ambiguïté parfois, s’inscrivent dans une perspective plus conforme
à l’éthique traditionnelle. Ils visent à utiliser les technologies nouvelles
pour allonger la vie humaine en bonne
santé. C’est le cas de la World Transhumanist Association (WTA) dénommée
également« Humanity + »[11]qui valorise un recours
éthique aux NBIC et milite pour une utilisation démocratique de celles-ci.
C’est le cas aussi de l’Association Française
de Transhumanisme (AFT -Technoprog) qui indique dans sa raison sociale[12]«Technoprog, se réclame d’un
« transhumanisme démocratique» ou techno-progressisme. Elle donne au H+ le
but de vivre beaucoup plus longtemps en bonne santé, d’augmenter les
capacités sensorimotrices et cognitives, d’être plus heureux et plus
empathiques, de vivre dans une société démocratique et durable, de diminuer les
risques qui menacent l’humanité». Le mérite
de l’AFT est de rester globalement modérée et de stimuler le débat notamment
avec les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) qui se préoccupent de ces
questions. Mais les différents courants H+ en revanche, ont en commun de refuser de se référer à des religions ou d’envisager une «vie après la vie» puisque la mort sera vaincue. Max More a déclaré dans
une interview : «la religion chrétienne a constitué un frein au progrès social et
technologique. Elle tend à séparer le monde sacré et spirituel du monde réel,
considéré comme «déchu », « corrompu » et « avili », en dénigrant le
progrès matériel, antithétique au salut spirituel »[1
La pensée H+ ne forme donc pas un bloc homogène mais une nébuleuse dans laquelle peuvent êtreidentifiés des neuroscientifiques comme Jean Pierre Changeux ou Henri Markram (qui pilote le Humain Brain Simulation Project)[14], des roboticiens comme le japonais Hiroshi Ishiguro ou l’autrichien Hans Moravec, des cogniticiens comme Marvin Minsky (du MIT) ou R. Kurzweil, des généticiens, des biologistes.
2- Science,
Technologie et Transhumanisme
La
Gestation Pour Autrui ( GPA) est interdite en France mais autorisée, et même
organisée, dans certains pays (Belgique, Pays Bas, Pologne) et les
citoyens français qui y recourent voient leurs enfants reconnus légalement en
France ce qui est contradictoire avec la loi qu’il sera nécessaire sans doute
de modifier. Ce n’est d’ailleurs qu’à une très courte majorité que la
commission des questions sociales du Conseil de l’Europe vient de rejeter en
mars 2016 un rapport en faveur de la GPA « éthique ». Mais cette
possibilité est réclamée par les couples
de femmes qui veulent bénéficier d’une légalisation de la PMA et de la GPA au regard de ce qui est
autorisé à l’étranger. Le 16 mars 2016, 130 médecins français réunis autour des
professeurs René Frydman et Michaël Grynberg ont publié un manifeste[15]dans
lequel ils reconnaissent avoir aidé des couples homosexuels à avoir des enfants
malgré l’interdiction légale. Ils
interpellent les pouvoirs publics pour ouvrir la PMA à toutes les femmes
et par ailleurs lever totalement les restrictions sur le diagnostic préimplantatoire,
ce qui fait réagir le biologiste Jacques Testard[16]
qui pointe une dérive potentiellement eugéniste dans cette course au chromosome
parfait et un risque de fabriquer un
monde ou tout individu diffèrent sera suspect et potentiellement éliminable des
droits humains et sociaux : un monde de libéralisme génétique.
Autre
sujet en débat : en France la loi bioéthique de 2013 encadre de
manière restrictive le droit de recherche sur les embryons surnuméraires et sur
les thérapies géniques. Mais les mêmes recherches sont conduites en Chine
depuis 2015 dans des conditions qui semblent moins transparentes.[17]
Depuis février 2016 au Royaume Uni ont
été autorisées des recherches sur les embryons surnuméraires (dans but de
recherche et non de reproduction)[18].
Désormais certains scientifiques français réclament une libéralisation des
contraintes dans ce secteur. L’UNESCO en décembre 2015 a souhaité un moratoire sur la manipulation de
l’ADN des cellules reproductrices humaines et appelle au débat. Mais à l’opposé les associations de malades atteints de
maladies héréditaires aux USA demandent
avec insistance une libéralisation
totale au nom de l’urgence médicale.
Ces deux exemples, dans lesquels le droit à l’enfant est toujours
exigé, mais rarement celui du droit des enfants font réagir Jean François
Mattei : « le manifeste
laisse à penser que ses signataires reconnaissent un droit à l’enfant qui
ferait entrer ce dernier dans la catégorie des objets. Il ignore l’intérêt
supérieur de l’enfant garanti par des conventions internationales »
souligne-t-il dans le journal La Croix[19]
et il ajoute « Si on ouvre la PMA à
des couples de femmes, on ne peut éviter d’aller vers la GPA, au motif de
l’égalité des droits entre couples ».
Mais
indépendamment de leur mode de diffusion souvent irrépressible, c’est bien plus
encore la nature même des progrès biologiques
qui est préoccupante. La mise au
point récente d’un nouvelle technique de transformation du génome (ciseau
génétique Crispr/cas 9) [20]peu
coûteuse permet de « couper -coller » des gènes dans l’ADN au sein de
n’importe quelle cellule à un endroit précis. Cette technique va permettre d’intervenir sur les génomes
d’espèces nuisibles comme les moustiques porteurs de la dengue, du chikunguya
ou du virus zika. Cela pourrait permettre aussi de corriger les maladies
génétiques humaines comme la mucoviscidose avec plus d’efficacité que les
thérapies géniques classiques[21].
Mais rien n’empêcherait avec facilité
cette fois-ci de transmettre de nouveaux caractères génétiques aux nouveaux nés
pour « produire » des humains « augmentés » de
caractéristiques particulières physiques ou intellectuelles. Une des deux
chercheuses découvreuses de cette technique Emmanuelle Charpentier en
convient et n’exclue pas les dérives: «Dès
qu’on manipule le vivant il y a un risque de dérive (il est important que tous
les acteurs de la société - les scientifiques, les cliniciens, les experts en
éthique, le public- puissent comprendre les possibilités qu'offre cette
technologie et les dérives possibles. Je serais très touchée si cette
technologie était utilisée dans des dérives que j'estime inacceptables. ».[22]Ces
modifications génétiques, qu’elles soient
humaine, végétale[23]ou
animale, se transmettraient ensuite aux générations suivantes de manière pérenne
et impliqueraient des modifications de la biodiversité non évaluables à ce
stade. Car la science se heurte parfois à une « barrière de
complexité » qui provoque des effets non désirés et incitent à l’extrême
précaution. Pierre Jouanet, chercheur français, déclarait récemment à
propos de l’utilisation génétique et du Crispr/Cas 9 : « Il faudra notamment remédier aux
rares mais réels effets hors cible, imprévisibles, qui parfois modifie l’ADN à
d’autres endroits qu’au lieu souhaité »[24].
Le prédictif scientifique dans ce domaine reste lourd d’aléatoire et
d’incertitudes.
Les interventions de plus en plus intrusives sur
les embryons ou sur les gamètes sont un
sujet de préoccupation des différents comités d’éthique. Jean Marie Le Mene,
président de la fondation Jérôme-Lejeune, propose de conférer aux cellules
sexuelles un statut ontologique protecteur et d’établir un moratoire permanent
sur ces interventions[25].
Mais pour d’autres, comme le biologiste Hervé Chnelweiss[26]cette
idée semble illusoire car il estime que
ce n’est pas l’instrument qui
pose question mais l’usage qu’on en fait.
Dans le domaine des neurosciences et des prothèses, les limites entre
homme « réparé ou /et
augmenté » trouve des illustrations spectaculaires. Les exemples les plus médiatisés sont ceux
d’handicapés bénéficiaires de prothèses bioniques ou d’amputés qui peuvent
mouvoir des bras robotisés par la seule force de leur pensée avec des capteurs
neuronaux. Ces adjonctions artificielles permettent d’envisager des
performances que le corps humain naturel rendait impossible. Mais si le coureur
olympique Oscar Pisterius grâce à ses prothèses artificielles peut courir plus
vite qu’un autre homme serait-ce une raison pour inciter d’autres sportifs à se
faire amputer pour accroître leurs performances ?[27]Cette difficulté a donné lieu à un vif débat au sein
de la Fédération Internationale d’Athlétisme ; certains voulaient
homologuer les performances de cet homme considéré comme « réparé»,
d’autres les refusant estimant qu’il avait été « augmenté » par
rapport aux coureurs valides: les différents comités médicaux n’ont pu trancher
la question de manière décisive ce qui illustre la difficulté d’établir une
frontière claire. Paradoxalement comme l’indique Joël Molinario citant Peter Sloderjik[28]
« les invalides deviendraient les précurseurs
de l’homme de demain.».

De même dans le domaine de l’intelligence artificielle nombre de transactions boursières (encours des assurances, fonds de placements) sont opérées par des algorithmes automatisés sophistiqués « trading algorithmique » ainsi que les prévisions météo, les régulations des transports, le pilotage des drones militaires etc.… Des pans entiers de l’économie peuvent se trouver déséquilibrés dans les vingt ans à venir par la suppression après les « cols bleus » dans l’industrie de postes de « cols blancs » dans les services (comptables, infirmiers, aides soignantes, instituteurs etc...). Face à ces bouleversements gigantesques à venir la prospective politique et économique reste embryonne.

De même dans le domaine de l’intelligence artificielle nombre de transactions boursières (encours des assurances, fonds de placements) sont opérées par des algorithmes automatisés sophistiqués « trading algorithmique » ainsi que les prévisions météo, les régulations des transports, le pilotage des drones militaires etc.… Des pans entiers de l’économie peuvent se trouver déséquilibrés dans les vingt ans à venir par la suppression après les « cols bleus » dans l’industrie de postes de « cols blancs » dans les services (comptables, infirmiers, aides soignantes, instituteurs etc...). Face à ces bouleversements gigantesques à venir la prospective politique et économique reste embryonne.
Jean Michel Besnier note qu’avec les NBIC c’est
l’identité humaine qui est mise en cause car « il achève de rendre précaire le frontières entre le vivant et la
machine »[29].
Pour autant
ces développements spectaculaires ne laissent pas présager l’avènement rapide
du « cyborg » prédit par R. Kurzwzeil. Car les véritables
progrès pour l’instant de l’I.A et des différents systèmes experts est de
pouvoir traiter en quelques secondes des millions de solutions alternatives que
l’esprit humain est incapable d’effectuer (à la puissance phénoménale
pour l’ordinateur Deep Mind mis au point par
Google qui vient de battre le champion
du monde de jeu de GO)[30]. Même si les techniques permettent à un
ordinateur de créer des modèles à partir d'une grande quantité d'exemples, puis
de s'auto-entraîner, l’état présent de l’I.A ne permet pas à des logiciels d’apprécier un
environnement, d’avoir des intuitions, d’inventer des procès de reproduction, de faire preuve
d’empathie, d’éprouver des sentiments. De plus le cerveau n’est pas un mécanisme mais un
organe adaptatif. Bruno Poncet neuroscientifique chercheur au CNRS estime que "le cerveau humain dispose de flexibilité, il peut catégoriser des
informations très rapidement pour évacuer les éléments non essentiels. Surtout,
le cerveau apprend très rapidement, se développe et "s'auto-façonne"
physiquement, c'est la plasticité que la machine n'a pas. La capacité
d'abstraction du cerveau est énorme, il manipule des symboles, pas des
données. »[31].



Une
autre donnée de l’histoire des technologies est sous estimée par les H+. Le
progrès technique n’est ni linéaire ni exponentiel. Dans leur évolution les
technologies se complètent plus qu’elles
ne se substituent. L’histoire des techniques témoigne que des formes et des
fonctions perdurent, se complètent, que de lents glissements s‘opèrent avant
que la valeur d’usage d’une innovation s’impose. A chaque stade d’évolution du
système technique correspond une conception du temps, une utilisation de
l’énergie, des modes de production des matériaux et une organisation spécifique
comme le montre Thierry Gaudin[32].
Le temps des clepsydres n’est pas celui de la nanoseconde. Dans la
mécanique complexe qu’est le progrès, « le just in time » est
décisif : il est hasardeux de prévoir avec certitude comme les H+ le font
qu’un cerveau informatique va remplacer un cerveau humain ou qu’une
transformation génétique va radicalement modifier l’espèce. De nouvelles
technologies suppléent d’autres jamais
exploitées (ainsi en Afrique le téléphone portable a fait économiser le passage
par le filaire).
L’évolution H+ n’est envisagée que sur le plan individuel
et jamais collectif vers d’autres possibles comme celui que le scientifique
Joël de Rosnay nomme « l’hyper humanisme »[33]. Il imagine que
l’humanité pourrait évoluer en complémentarité avec l’I.A vers un univers symbiotique qui intégrerait collectivement
et solidairement les possibilités nouvelles qu’offre la numérisation aux
besoins de la collectivité pour créer plus d‘humanisation.
Une prévention justifiée que l’on peut nourrir à
l’encontre des H+ tient justement au
fait que ceux-ci visent à convaincre les
esprits du caractère inéluctable de leurs prévisions, alors qu’elles ne sont
que des projections hypothétiques, que leur caractère opératoire est aléatoire
et que le champ des possibles est beaucoup plus ouvert qu’ils ne le prétendent.
Mais
la pensée H+ ne s’appuie pas que sur la technique, elle bénéficie également d’un ethos : celui de la post
modernité qui en facilite l’émergence et la diffusion.
3- Post
modernité et Transhumanisme
La modernité résulte d’un long processus entamé à la
Renaissance que marquèrent ensuite de penseurs comme Descartes ou Spinoza, qui
ont posé le sujet comme maître et possesseur d’une nature assujettie et d’une
raison autonome. Mais l’autoproduction du sujet, la maîtrise supposée de la raison,
l’accaparement de la nature par la technique ont conduit ni à la liberté espérée
du sujet, ni à la régulation raisonnée du monde. Au XX° siècle, les génocides,
les conflits idéologiques mondiaux, la crise spirituelle, sont symptomatiques
de cet échec. Philosophes, romanciers, plasticiens témoignent chacun à leur
façon du doute qui assaille l’homme contemporain. La raison se révèle
impuissante à organiser un monde désenchanté que les valeurs du christianisme
ont abandonné au profit d’un humanisme coupé de toute transcendance. Pour
Marcel Gauchet[34]
la raison doute désormais profondément d’elle -même et elle ne permet pas de sortir de cette crise
identitaire puisque c’est son exaltation qui en est la cause. Comme l’écrit Henri Georges Gagey « la post modernité c’est toujours la modernité mais la modernité désenchantée,
problématisée, autorelativisée, désamarrée. ».[35]
Dans ce contexte poursuit Henri Georges Gagey « les seules normes qui parviennent à
s’imposer indiscutablement, mais par défaut, sont celles des technosciences et
des marchés »[36].
La technique se trouve créditée de la mission subreptice de répondre
à des questions que la raison a échoué à
résoudre. Dans un entretien au journal La Croix[37]le philosophe Jean Marie
Besnier déclare: «Une raison du
succès des H+ est d’ordre spirituel. Après les barbaries du XX° siècle l’homme
ne s’aime plus. L’humanité semble traverser une profonde dépression marquée par
cette mésestime de soi (…). Puisque la volonté de l’homme conduit au pire
pourquoi ne pas s’en remettre aux machines et travailler à l’émergence d’une
nouvelle humanité. A travers ces courants, l’homme paraît jouer son va
tout ». Cet auto assujettissement va de pair avec la financiarisation
de l’économie, le développement de
marchés mondialisés, une exacerbation des désirs de consommation, une
unidimensionnalisation de l’homme moderne. Les valeurs deviennent peu à peu des produits. La morale
peine à conserver une place puisque la technique
est censée être neutre, objective, sans idéologie; c’est elle, désormais qui codifie les rapports de l’homme au monde.
Aussi les lois se donnent souvent plus
pour objet de faire correspondre le droit aux changements technologiques que de contraindre ceux-ci à
se plier à une utilité collective. Peut-être que demain la GPA, l’euthanasie,
le suicide assisté ou les manipulations génétiques deviendront des actes considérés
comme purement techniques, que la normalisation juridique les transformera en actes
moralement acceptables par la collectivité. Ce qui fait dire à un généticien
comme Arnold Munnich-Olivier Rey : « la
question n’est pas d’opposer les droits de la société à ceux des individus mais
de faire prendre conscience aux individus que seule une société dont les
équilibres sont respectés est à même de leur garantir durablement des droits (…).
Or le législateur semble courir derrière les changements sociétaux. ».[38]
La production culturelle récente témoigne de
cette lassitude morale. La déprise de soi, le renoncement désenchanté de l’homme
post-moderne est décrit avec talent par
Michel Houellebecq. Ce romancier, produit des biopsies littéraires
désabusées et nihilistes de la société occidentale. Ses héros, semblables à Meursault dans « L’Étranger »
d’Albert Camus, vivent le réel comme une étrangeté distanciée à laquelle ils
n’adhèrent pas et pour laquelle il n’ont pas d’empathie. Ils sont littéralement
« zombifiés » comme les personnages du film « Bienvenue à
Gattaca ». Dans ce dernier, le futur
est lisse et glacé, génétiquement modelé, séparant la
société entre nantis et affamés; univers qui exsude une tristesse désenchantée
d’hommes qui ont accepté avec lassitude de se laisser glisser dans ce déni
d’humanité qui déjà résonne comme une métaphore sinistre des temps à venir.
4- Trois fondamentaux de la pensée H+ : la
technophilie, l’illimité, le relativisme
Un des mérites du
H+ est de nous conduire à repenser l’humain et à revisiter les concepts
d’humanisme et de nature.[39]Même si celui de nature
est polysémique, il désigne philosophiquement la totalité de ce qui a en soi
son principe de développement et ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est.
Sylvia Agacinsky souligne que c’est avec Pic de la Mirandole, que l’homme
créateur de lui-même se dote d’une nature sans essence. Luc Ferry écrit : « C’est Pic de la Mirandole qui va formuler l’idée moderne de
liberté (…) ; idée qui parcourra toute la philosophie moderne chez
Rousseau, Kant, Sartre et même Husserl, Heidegger. Il va inventer l’humanisme
moderne »[40]. Sylvia Agacinski
voit dans le H+ une évolution de l’idée humaniste plus qu’une opposition
radicale à celle-ci dont elle constitue un aboutissement.
La philosophie
contemporaine, fidèle en cela aux Lumières,
a rejeté la préexistence d’une
quelconque essence: comme le rappelle Sartre[41] l’homme n’est que ce
qu’il fait, que le produit de ses actes. Admettre une essence c’est ouvrir à une éthique transcendantale puisque
« quelque chose » préexiste à l’homme. A l’inverse sa négation
n’exclue pas une véritable éthique humaine de la fraternité chez Camus, Malraux
ou Sartre, car une plate-forme commune d’humanisme rassemble «celui qui croyait au ciel et celui qui n’y
croyait pas »[42]: c’est
au regard de ce référentiel humain commun que le H+ peut être évalué. La loi morale
naturelle peut être commune à tous. Comme l’écrit Joseph Fuchs cité par
Henri-Georges Gagey : «la
morale chrétienne est fondamentalement et essentiellement humaine dans sa détermination
catégoriale et sa matérialité. C’est donc une morale d’authentique
humanité »[43]. Il suffit que la
morale commune soit humanisante pour que l’éthique chrétienne l’agrée et s’en
saisisse avec l’aide de la foi. Geneviève Médevielle souligne « la foi réinscrit les motivations
éthiques dans sa propre logique. »[44].
Bien que multiple,
ambivalente, mouvante la pensée h+ peut
être synthétisée autour de quelques invariants, plus ou moins accentués suivant
les sensibilités des courants H+
La technophilie.
Les H+ pensent que la synergie des différentes NBIC et leur caractère exponentiel constituent un
nouveau paradigme scientifique qui modifiera profondément la nature humaine.
Cet avenir les conduit à faire de la technique la saisine
privilégiée du réel.
Ce
«paradigme technocratique dominant »
est dénoncé dans la lettre
encyclique papale Laudato si: «nous ne
pouvons ignorer que la biotechnologie,
la connaissance de notre ADN nous donne un terrible pouvoir (…) surtout le
pouvoir économique d’avoir une emprise impressionnante sur l’ensemble de
l’humanité (…) comme si le bien et
la vérité surgissaient spontanément du pouvoir technologique et économique lui-même ».
Il est écrit un peu plus loin : « la technologie a crée un paradigme
homogène et unidimensionnel (… ) qui loin d’être neutre dans ses effets oriente
les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoirs
déterminés »[45].
Ces lignes font un écho direct à l’encyclique papale Fides et Ratio du 14
septembre 1998: « Dans le cadre de la recherche scientifique, on en est venu à imposer
une mentalité positiviste qui s'est non seulement éloignée de toute référence à
la vision chrétienne du monde, mais qui a aussi et surtout laissé de côté toute
référence à une conception métaphysique et morale ».
L’illimité.
L’innovation technologique se diffuse par capillarité : les frontières éthiques
ou juridiques s’effaçant progressivement. La technologie se fond dans un
libéralisme économique, social et moral libéré de toutes contraintes, sans références au passé, sans attaches au
présent. Elise Marrou cite le sociologue polonais Zygmunt Bauman qui qualifie
cette économie de « modernité
liquide » c’est-à-dire «une
modernité sans structure, sans modèle, sans solidité institutionnelle».[46]
Ce réseautage des fluidités s’impose comme une façon d’organiser et d’être
au monde. Mais note Régis Debray : « Qu’il soit utile de mettre le monde
en réseau ne signifie pas que l’on puisse habiter ce réseau comme un monde. ».[47]
Car l’établissement de frontières est constitutif de la psyché humaine comme de
l’organisation des sociétés. Son rôle est de réguler, comme celui de la peau,
un échange entre un dehors et un dedans. « Ce
qu’il y a de plus profond dans l’homme c’est la peau » écrit Paul
Valery. [48] Toute mise en ordre symbolique d’un
indifférencié, est crée par une limite. Le polémologue Gaston Bouthoul
soutenait que ce n’était pas les frontières qui créaient les guerres mais leur
absence. L’illimité crée le risque du
chaos, comme l’absence de limite fait apparaître
celui de ne pouvoir la transgresser. Le H+ espérant libérer l’homme de
sa limite principale qui est la mort,
l’humanité ayant abattue par la technique cette ultime frontière, vivra une eschatologie terrestre. Pourtant Régis
Debray écrit justement: « s’il n’y a
pas de frontière pour toujours, il y a toujours une ultime frontière. ».[49]


Le relativisme.
Le relativisme domine la pensée H+: le seul
repère est celui de l’évolution. Depuis la paramécie l’homme est en perpétuelle
transformation comme les autres espèces animales dont il n’est pas diffèrent (99%
du génome humain est commun à celui des grands singes). Pour les H+ la matière, le hasard et la nécessité seuls guident
l’évolution des 1% différents comme le soutenait Jacques Monod[50].
Comme le note Paul Ricoeur cité par Geneviève Médevielle : « le scientifique suit l’ordre
descendant des espèces et fait apparaître
l’aspect contingent, aléatoire, improbable de ce résultat que nous sommes de
l’évolution (…) l’herméneute partira de l’auto-interprétation de sa situation
intellectuelle, morale et spirituelle et
remontera le cours de l’évolution à la rencontre des sources de la vie (...) son point de départ
avoué étant la question morale elle même, donnée déjà là,
surgissant dans une sorte d’auto-referentialité de Principe ».[51]Le
technologue H+ accompagne cette évolution biologique « descendante »
de l’espèce en espérant en prendre le contrôle. L’herméneute s’autosaisit de
l’humaine condition pour
« remonter » vers la source qui lui a donné naissance afin d’en
comprendre le projet. C’est à la rencontre de ces deux versants que se situe
l’humain qui est à la fois l’observateur de son « donné là » et
l’acteur de son «vouloir être» éthique. En n’empruntant que la pente
descendante le H+ prive l’humain de sa capacité de sens qui est pour Xavier
Thevenot, [52]à
la fois signification et direction. Ce réductionnisme constitue un angle mort
de la pensée H+: l’illimité devenant l’ultime limite, l’absence de
sens deviendra le sens ultime.
5- Trois marqueurs de l’anthropologie
chrétienne : la corporéité, la relation, la finitude.
Si
la technophilie, l’illimité et le relativisme marquent le H+ ils viennent
percuter le corps, la relation et la finitude qui sont des marqueurs
profondément humains parce que profondément chrétiens et profondément chrétiens
parce que profondément humains. « Tout ce qui se commande au nom de
Dieu doit pouvoir se commander du point de vue de la vérité de l’homme; tout
ce qui se commande au nom de l’homme doit pouvoir se commander au nom de la
vérité de la foi chrétienne» Xavier Thevenot.[53]
La corporéité
L’homme est chair. Il y a de
la chair animale sans humain mais il n’est pas d’humain, c’est-à-dire de la
conscience sans chair « Il ne suffit
pas d’être biologiquement homme pour être humain. Il y a un devenir humain qui
s’inscrit dans une finalité qui n‘est pas biologique mais éthique » note Geneviève Medevielle[54].
Tout humain dispose
d’une série de fonctions organisées en
système kinesthésique global (odorat, goût, digestion, motricité, sensation,
etc...) dont la pensée elle-même dépend. L’humain n’est pas la juxtaposition de
fonctions réflexives et de fonctions organiques mais il est constitué par l’intégration de
celles-ci dans une boucle
systémique dans laquelle chaque
partie s’articule au tout de manière rétroactive. Les neuroscientifiques insistent
sur les rôles respectifs des rétro-informations entre la pensée et les sensations.
Michel Onfray a montré dans « le ventre de philosophes »[55]à quel point la pensée est
dépendante des fonctions organiques. De récentes études sur le microbiote (flore
intestinale) montrent que celui-ci comprend des milliers de bactéries
différentes et des centaines de milliers de gènes qui gouvernent le système
nerveux, sanguin, immunitaire et qui influent
sur l’esprit, l’hérédité ou le
vieillissement.[56] Ce qui fait écrire au professeur Stephen Collins, gastro-entérologue
de l'université McMaster d'Hamilton (Canada) « que la flore intestinale
puisse avoir un impact sur les
fonctions cérébrales et le comportement »[57].
Un chercheur en psychopathologie
Erwin Straus a montré, en opposition à Descartes, que ce n’est pas d’abord la
conscience qui définit l’homme, mais la relation empathique (pathos) qu’il
entretient avec l’environnement (unwelt). Les différentes multidirectionnalités (organiques,
émotionnelles, environnementales, psychologiques, sociétales) qui caractérisent
la corporéité de l’humain interrogent les H+. Ils constatent cette
complexité et estiment qu’il sera
nécessaire de simuler l’ensemble de ces tissus relationnels avant d’envisager
un « uploading » cervical réussi[58]. Ils regrettent en
conséquence que les projets européen Human
Brain Project (HBP) ou américain BRAIN n’envisagent qu’une
modélisation des neurones du cerveau. Un article de Marc Roux (AFT
-Technoprog) se conclue ainsi : « Il faudra donc que les progrès de la
puissance de calcul et de simulation de nos machines tiennent toutes leurs
promesses mais que nos scientifiques améliorent aussi considérablement leur
travail de modélisation avant de voir émerger quoi que ce soit. ».
Mais
la corporéité envisagée comme homéostasie introduit une donnée utile
dans la distinction entre « homme réparé » et « homme
augmenté ». L’homme réparé est celui à qui l’on tente de restituer
l’intégralité des fonctionnalités évoquées ci-dessus au moyen de prothèses
physiques, électroniques ou chimiques. En revanche la même technique qui aurait pour but non pas de
« restaurer » mais « d’augmenter » de manière artificielle
une fonction physique ou mentale d’un
individu, porterait atteinte à l’équilibre d’ensemble de ses différentes
fonctions kinesthésiques et créerait des déséquilibres en chaîne imprévisibles
pour lui (et éventuellement pour sa descendance). Lorsqu’un homme est
« augmenté » d’une fonction il
devient simultanément « diminué » d’une autre. L’homme réparé
est celui chez qui l’on restaure un équilibre, l’homme augmenté est celui chez
qui on en détruit un. Arnold Munich-Olivier Rey, chef du département génétique de l’hôpital
Necker déclarait en janvier 2016 :[59]« l’homme
augmenté n’est pas une apothéose de l’humain mais l’humain réduit à la seule
pulsion d’emprise, et qui pour l’assouvir, est prêt à devenir esclave des
machines qui étaient censées l’émanciper, qui n’a plus d’autre rêve que la
perspective nihiliste d’un branchement toujours plus parfait sur la machine
technico-économique globale et une résorption dans ses flux. Nous cherchons à
créer le golem, on connaît la suite. ».
Dans le christianisme l’incarnation c’est-à-dire étymologiquement l’action
de prendre corps est centrale. « Le Verbe s’est fait chair ». Jésus a
vécu dans sa chair tout ce qu’un corps humain peut ressentir, jusqu’à la douleur de la passion. Né d’une
femme dans le sang, ayant grandi dans un corps d’adolescent, étant mort dans un
corps d’homme, sa corporéité n’est pas symbolique. Son corps n’est pas un
vêtement de chair jeté sur ses épaules spirituelles comme Marcion le soutenait
au II° siècle. « Mais assez souvent
le théologien oublie de montrer que l’homme dont le Christ est la pleine
révélation est justement l’homme qui vit dans un contexte historique, social et
culturel précis, et il n’est pas simplement l’homme en général, déconnecté de
toute référence d’espace et de temps » écrit Féderico Badiali.[60]Les
évangiles accordent une place importante à la corporéité et au manger du Christ
(les noces, les pains, les poissons, la cène, Emmaüs etc..) ce qui lui a même
valu des critiques acerbes : “il boit, et vous dites: “Voilà un glouton et un ivrogne..”» (Luc 7,
33-34).
Jésus ressuscité, dîne avec les apôtres fréquemment (Act. 1,3; Luc 24,30) « les disciples restaient encore incrédules et comme ils s’étonnaient,
il leur dit. “Avez-vous ici de quoi manger?” Ils lui offrirent un morceau de
poisson grillé. Il le prit et mangea sous leurs yeux.» (Luc 24, 42-43). C’est
vérifiant la corporéité du ressuscité, qui pourtant n’appartient déjà plus à
l’histoire ni au temps, que Thomas croit.
Claude
Hadjaj traduit cette proximité humaine de Jésus ressuscité par ces
mots : « Et puis il mange
avec eux (…). Son apparence est parfois même celle du premier venu (…) les
pèlerins d'Emmaüs le prennent pour un promeneur (…). Pourquoi cela? Parce que
Dieu vient vraiment sauver sa créature dans ce qu'elle a de plus humain »[61].
Souchée sur la référence biblique, la position
catholique est claire : « le
corps participe à la dignité de « l’image de Dieu »: il est corps
humain précisément parce qu’il est animé
par l’âme spirituelle (…) l’unité de l’âme et du corps est si profonde que l’on
doit considérer l’âme comme la forme du corps (…) l’esprit et la matière dans l’homme ne sont pas deux
natures unies, mais leur union forme une seule nature »[62].
Karl Rahner ajoute « l’âme ne peut
pas se réaliser sans la médiation de la matière et plus elle se réalise, plus
donc l’homme devient esprit, plus l’homme lui même devient corps ».
La relation
L’humain est un être relationnel. Cette relation
s’exprime d’abord sous forme sexuée. Cette qualité l’apparente au règne animal
tout en l’en différenciant. Xavier
Thevenot remarque que « toute
relation humaine aux choses, aux autres
et à Dieu est sexuée, même si elle n’est pas génitale »[63]. Cette sexualisation est
depuis l’enfance ouverture aux autres. L’individu baigne dans un complexe
relationnel (relation à la mère, aux autres, au cosmos). Pour devenir
pleinement adulte l’enfant devra apprendre à se séparer du monde fusionnel
qu’il forme avec sa mère. L’inceste, symboliquement, c’est chercher à retrouver
l’indifférenciation originelle. La
relation avec l’autre passe par le refus de la « mêmeté ». C’est dans
la séparation conscientisée, le renoncement au monde fusionnel de l’œuf
maternel, par la castration symbolique et le manque qui en résulte que l’homme
subit l’épreuve initiatique qui fait de lui un humain. Les interdits qui
pèsent sur l’inceste, l’homosexualité, la masturbation – interdits communs à la
plupart des grands textes et traditions spirituelles – reposent sur le refus de
la mêmeté. Ce qui fait inscrire à Xavier Thevenot en tête d’un chapitre sur la
castration symbolique cette citation de Lacan proprement « fracassante »: «
A casser l’œuf se fait l’homme mais aussi
l’Hommelette »[64] car le prix de cette
brisure est celui d’un manque. Le H+ en revanche exprime l’espoir d’une fusion
virtuelle moniste absolue dans laquelle rien ne sera différencié. Mais en supprimant la relation réelle à l’autre c’est
soi-même que l’on supprime. Merleau Ponty écrivait « Notre
rapport au vrai passe par les autres. Ou bien nous allons au vrai avec eux, ou
ce n’est pas au vrai que nous allons »[65]. Cette indifférenciation pour quelques uns
créera une ségrégation sociale et économique pour
les autres. Henri Georges Gagey cite un transhumaniste Bruce Benderson qui
écrit: «les gens avec
l’intelligence, l’éducation et /ou les richesses deviendront une espèce qui
aura des pouvoirs très supérieurs à ceux de l’espèce humaine (…) les autres
deviendront l’espèce inferieure, incapables de survivre ou ne pourront survivre
que pour servir d’esclaves ou de viande pour les autres (comme une vache
aujourd’hui). [66] (On pense au clonage)
Bertrand Jordan biologiste
moléculaire décrit ainsi cette aliénation relationnelle : «on peut facilement entrevoir un monde dans
lequel le libre jeu du marché permettrait aux super riches d’améliorer le
patrimoine génétique de leur descendance d’ajouter ainsi aux considérables
inégalités économiques actuelles un privilège génétique transmissible aux
générations suivantes. Est-ce bien là
l’avenir que nous souhaitons pour l’avenir de l’humanité »?[67]Le H+ porte en lui de
nouvelles formes d’eugénisme (car si la vie est infiniment prolongée, il ne
serait plus possible d’y laisser accéder de nouveaux venus, ni d’y laisser
survivre ceux qui ne répondraient plus aux critères de vie
« transformée »).
Dans les récits de la genèse
biblique, que ce soit en Gn1.1-23 dans laquelle le couple humain est crée
simultanément, ou en Gn 2. 4-3. 24, dans laquelle Ève n’est formée qu’après
Adam, c’est la différenciation qui fait l’humain. On n’est pas humain seul. La
problématique d’origine psychanalytique repose sur cette nécessité de
l’interdit - symbolisé par le Père- qui
permet à l’homme de trouver son identité à travers le renoncement. C’est une
symbolique du renoncement chrétien en œuvre dans la dramaturgie pascale qui paraît à Xavier Thevenot intrinsèquement anthropologique. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se
renie lui-même et prenne sa croix et me suive » (Marc
8,34). Car relation et lâcher prise sont les deux faces d’une même réalité.
Le lâcher prise nous rend disponible à la relation à l’autre et permet au chrétien
de nouer la relation avec Dieu.
Dans
l’univers H+, comme à Babel les hommes
ne parleront plus que d’une
« seule lèvre » et adhéreront à un programme « matriciel »
unique dont ils n’auront ni la volonté ni l’opportunité de se séparer, rassemblés
sous la conduite d’une seule « tête ». Dans le processus d’arraisonnement de la
nature par la technologie, l’homme est requis dans sa corporéité pour
devenir un matériau au même titre que les autres. Dans ce processus
« technophagique », devenu lui-même produit il s’auto-dévore. A
Babel, Dieu « descend » pour
disperser cette édification totalitaire de l’homme contre l’homme qui se déconstruit lui même.
La finitude.
« Dans tous les aspects de l’évolution on
constate que la vie et la mort sont indissociables et indispensables l’une à
l’autre» écrit Joël de Rosnay.[68]Il voit même dans le refus
de la finitude l’expression d’un égoïsme pur, opposé à l’évolution elle-même.
L’inéluctabilité de sa finitude
est la principale prise de conscience de l’homme sommé de trouver un sens à son bref passage sur terre. Le poète Rainer
Maria Rilke dans le « Livre de la Pauvreté et la mort » l’a
exprimé ainsi : « Car nous
ne sommes que l’écorce et que la feuille, la grande mort que tout homme en soi
porte, tel est le fruit autour duquel gravite tout. Ô seigneur donne à chacun
sa propre mort, la mort issue de cette vie où il trouva l’amour, un sens et la
détresse.[69]Ce poème fait écho
à un écrit du psychologue D.W
Winicott à la fin de sa vie : « Ô
mon Dieu ! Fais que je sois vivant au moment de ma mort !». Comme
indiqué ci-dessus, abolir cet horizon indépassable de la condition humaine en « tuant la mort» est l’ambition
suprême du H+. L’Association Mondiale H+ citée par Anne-Marie Pelletier déclare :
«Nous souhaitons nous épanouir en
transcendant nos limites biologiques actuelles visant un monde où nous aurons
aboli les êtres humains en tant que tel»[70].
L’avènement d’un monde sans
fin tel que le souhaite les H+ équivaut à
la fin de tout avènement. Il illustre l’aphorisme de Nietzche dans «Ainsi
parlait Zarathoustra» : on peut
mourir d’être immortel». Ne serions-nous pas condamnés dans ce cas à
l’éternelle répétition et à la fin de tout projet puisque l’ambition H+ soutient le projet ultime d’une fin? Dans une société
du «toujours-là» ne serions-nous pas privés de toute innovation, de tout
progrès puisque rien de nouveau ne
pourrait se manifester? Comment vivre un pur et éternel présent? Bertrand
Vergely écrit : «la mort met fin au
cauchemar de ce qui est sans fin».[71]
Et il poursuit : «Quand la
mort existe, le risque existe sous la forme du risque de mourir et comme le
risque existe, la valeur existe. Quand la mort n’existe plus, le risque n‘existant
plus, la valeur disparaît. Si tel est le cas à quoi bon naître?».
Xavier Thevenot écrit qu’il
faut «en passer par la mort pour
connaître la résurrection».[72]Pour
un chrétien la finitude terrestre est la condition de sa résurrection
éternelle.
Aussi la volonté de séparation corps-esprit pour supprimer la mort est un «contre-sens» chrétien. Parce que c’est
avec ce corps et ce sang que nous partageons ecclésialement une commune
humanité avec Dieu. C’est avec ce corps glorieux à l’exemple du Christ que nous
ressusciterons, semblables et différents. Ce corps « pathique »
ressuscité étant celui de tous nos ressentis et éprouvés. Face à un
corps, fut-il défiguré, abîmé, supplicié, nous reconnaissons en lui l’humain
que Dieu a fait à son image et à sa ressemblance. Le corps n’est pas le «tombeau de l’âme» de
Platon, ni la matière qui entrave le développement numérisé et virtualisé de l’esprit ;
il est un pont, le point de jonction entre le «déjà là» et le «pas encore».
6- Le déploiement d’un agir chrétien opérationnel
Le H+ dans sa forme la plus
extrême, est anthropologiquement régressive, scientifiquement incertaine et
heurte l’éthique chrétienne.
Une
pensée anthropologiquement régressive.
La pensée H+ correspond aux
caractéristiques d’un monde fusionnel régressif tel que Xavier
Thevenot le définit :
-« un monde sans faille donc sans échec et sans mort».
- « un monde indifférencié, sans espace ni temps».
-« un monde de la toute puissance ou tout semble
possible».
-« un monde de coïncidence avec son origine».
Une
pensée scientifique incertaine
Beaucoup d’annonces H+
restent incertaines quand à leur prédictibilité scientifique des données importantes
sur le plan scientifique comme l’homéostasie corporelle ou les modes
d’évolution des technologies sont passées sous silence.
Par ailleurs, la pensée H+
est lacunaire voire inexistante concernant les modes de dévolution des
décisions collectives. Ceux-ci sont attribués par défaut à l’action conjuguée
de la technique, qui s’impose comme norme sociétale et morale et au marché, qui
régule les besoins économiques individuels. La technologie est toujours pensée
comme un moyen au service de l’individu, jamais comme un outil d’optimisation
du bien être collectif. Dans les plus extrêmes scénarios présentés l’organisation
collective est imaginée comme la domination de classes privilégiées sur
d’autres exploitées de manière totalitaire.
Une pensée anti-chrétienne
Le
théologien protestant Denis Müller écrit : «les théories transhumanistes peuvent remettre en cause l’anthropologie
chrétienne sur deux points : elles nient la finitude de la création humaine et ignorent totalement la
notion de péché. Pour ces théoriciens, le salut n’est donc en rien relié au péché.
Il dépend au contraire de l’homme seul».[73]
Jean Guillerm Xerri chargé d’une réflexion par l’épiscopat sur le sujet
ajoute : « le Th+ percute à la
fois l’incarnation, la grâce et la résurrection. ».[74]
La
technophilie, le relativisme, la volonté d’illimité du H+ viennent buter sur
l’incarnation, la relation à l’autre, la finitude de l’anthropologie chrétienne
et posent de nouvelles questions à l’éthique. «Anticiper de nouvelles questions sans repères antérieurs est le rôle
de la théologie morale» dit Marie Dominique Trebuchet[75].
Principes chrétiens
C’est à partir des principes
qui guident une éthique chrétienne que nous pouvons tenter d’apporter une
pierre utile à la construction d’un agir collectif.
- Faire vivre l’action chrétienne
à travers la logique de l’évangile qui n’est pas une morale de l’interdit et de
l’obligation mais une dynamique de l’amour et du don,
- aller vers toujours plus
d’humanisation (en développant la relation avec l’autre et le plus
fragile : l’embryon, l’handicapé, le malade, le souffrant, le mourant, le pauvre),
- savoir renoncer, savoir
partager «il n’est de vérité que partagée
et là où la vérité n’est pas partagée, il n’y a pas de vérité» dit Joseph
Moingt. [76] «Considérez-vous comme dépendants les uns
des autres» (Epître aux Ephésiens 5 ,21), c’est-à-dire favoriser les
solidarités économiques nouvelles, l’innovation sociale, les actions solidaires, l’émergence de pensées désaliénées.
Actions guidées par ces principes
« La morale en situation nécessite de se «salir les mains» pour faire
droit à la complexité du réel»[77]note encore Xavier Thevenot.
En les innervant par ces principes chrétiens,
il est imaginable de développer des actions qui répondent aux défis du
temps présent posés par le H+ à savoir :
·
Comprendre
les mécanismes par lesquels la pensée H+ se conforte : Il y a urgence à mettre en place une réflexion éthique globale. C’est ce que souligne
Jean Michel Besnier : «plutôt que de
nous crisper sur des positions morales qui garantirent la sécurité du monde
d’hier, nous devons faire face et mobiliser les ressources de l’imaginaire. Il
s’y exprime déjà le scénario d’une vie éthique régénérée, libérée du carcan des
représentations la source de nos actuelles vulnérabilités »[78].
·
Se mettre à l’écoute des penseurs de la modernité. Le H+ ne
s’alimente pas des seules avancées scientifiques mais aussi de la crise morale
et spirituelle de la post modernité, ce qui fait écrire à Henri Georges Gagey :
il s‘agit de se mettre à l’écoute des
penseurs qui trouvent, précisément dans leur traversée de la déconstruction
contemporaine du phénomène humain, les ressources pour envisager la
reconstruction ou la refondation théorique et pratique d’un nouvel humanisme ».
·
Étudier la
pensée T+ elle-même pour la soumettre dans ses présupposés les plus
extrêmes à ses propres insuffisances et contradictions mais aussi à ce qu’elle
peut apporter de neuf et positif sur le plan médical et humain en favorisant le
dialogue avec ses promoteurs les plus conscients de leur responsabilités éthiques.
·
Combattre la mentalité scientiste qui réussit à faire
agréer l'idée que ce qui est techniquement réalisable devient par là-même
moralement acceptable en réintroduisant
le singulier dans le particulier et
l’universel.
Il convient comme l’écrit Geneviève Médevielle «de formuler
des propositions morales qui soient en accord avec cette essence
technique de l’homme (…) car l’éthique ne relève pas d’un donné – ici
celui de la technique aveugle – mais d’un « à vouloir ». [79]
·
Globaliser la
problématique H+. Comme l’encyclique
papale sur l’écologie Laudato Si le
souligne, les phénomènes humains ne sont plus pensables isolement les uns des
autres. Le rapport que les hommes entretiennent avec leur devenir comme espèce
ne sont plus séparables des rapports économiques , des emprises
communicationnels, des liens de subordination, des inégalités sociales qui
facilitent l’idolâtrie de la technologie et du marché.
Accompagner les scientifiques concernés. En suivant les travaux qui permettent de tracer les frontières entre l’homme « réparé » et l’homme
« augmenté » dans les deux domaines les plus critiques que sont
la génétique et les neuro sciences. Les NBIC ouvrent
des perspectives de progrès médicaux et humains fascinantes et inédites
et ces avancées sont interconnectées : chaque progrès
dans l’une engendre des progrès dans les autres de manière incrémentale ou par
innovation de rupture ce qui en accroît l’imprévisibilité globale. Les T+
utilisent cette imprévisibilité en prédisant un caractère inéluctable à un futur
qu’ils souhaitent, et qui n’est pas celui que les chrétiens peuvent espérer
construire.
CONCLUSION.
Il
n’y pas de « pensée H+ » au sens ou l’on entend généralement par
école de pensée un déploiement
philosophique et épistémologique. Le H+ dans ses courants extrêmes procède d’un désir plus que d’une
pensée; désir infantile de perpétuation, d’immortalité, de
« surhumanité » qui appartient depuis toujours à la mythologie
humaine.
In
fine chaque chrétien et chaque humain peut se fier à l’extrême pointe de sa
conscience morale par rapport au H+. Il lui apparaîtra sans doute dans une
syndérèse intuitive qu’il y a dans la
pensée H+ une volonté profanatoire de l’humain.
Rien
n’est joué et rien n’est perdu en faveur d’une humanisation comme l’indique
Laudato Si : «L’authentique humanité
qui invite à une nouvelle synthèse, semble habiter au milieu de la civilisation
technologique presque de manière imperceptible, comme le brouillard qui filtre
sous une porte close. Serait-ce une promesse permanente, malgré tout
jaillissant comme une résistance obstinée de ce qui est authentique. ».
[1] Le terme
« Transhumanisme » désigne ici le processus d ‘auto-transformation
dans lequel les sciences engagent la nature humaine et celui de
« post-humanisme » l’état final que cette évolution permettra
d’atteindre
[2] Notamment dans des sources
aussi diverses que le nectar grec,
boisson conférant l’immortalité, le mythe kabbalistique du Golem dans le ghetto
de Prague popularisé par le roman de Gustav Meyrink, ou celui de Faust .
[3] MOLINARIO Joël, « Crise
anthropologique et fin du consensus humaniste : un état des lieux », Revue Transversalités,
Revue de l’Institut d’Études Catholique de Paris, Supplément 3, 2015, p.17
[5] La Croix « le Transhumanisme s’épanouit dans la Silicon
Valley », édition du 3/11/ 2015,
page 15.
[6] ALEXANDRE Laurent, « Les
neuro révolutionnaires » conférence
à l’USI (Unexpected Source of Inspiration) le 20 juin 2014, https://www.youtube.com/watch
[7] BESNIER Jean Michel, Demain les posthumains, le futur a t il
encore besoin de nous ? Fayard, Paris 2010, 216 p.
[8] VERGELY Bertrand, la tentation de l’homme -Dieu, ed.
Le Passeur, Paris, 2015,138p.
[9] LUDD Camille « la révolte des chimpanzés du
futur » Site web Vimeo.com et www.piecesetmaindoeuvre.com
[10] www. extropy.org.
[11] http://Humanityplus.org.
[12] http://transhumanistes.com.
[13] More Max « Essential Transhumanism »
copyright la spirale.org.
[14] Projet qui rassemble
autour de l’école polytechnique de Genève 90 centres de recherche de 22 pays en
Europe qui vise à simuler un cerveau humain (Human Brain Project), projet
directement concurrent du projet américain « Human Cognome » de
Standford University
[15] Journal le Monde, 17 mars 2016.
[16]
http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2016/03/18/
[17] ibid
[18]VEY Tristan, « des
manipulations génétiques sur des embryons humains autorisées en Grande Bretagne » Le Figaro.fr, Sante, 1 février 2016
[19] MATTEI Jean François, « Ouvrir la PMA serait contraire à nos
principes fondamentaux », La Croix
du 21 mars.
[21] SERGENT Denis « Le
Crispr-Cas 9, outil génétique révolutionnaire et dangereux », La Croix ,9 février 2016,
[22] CHARPENTIER Emmanuelle « des
qu’on manipule le vivant il y un risque de dérive », Le Figaro, 22 mars 2016,
[23] La
société Growing Plant en Californie avec l’aide de la Singularity University de
R. Kurzweil incorpore déjà des gènes de
lucioles dans des plantes pour les
rendre phosphorescentes
[24] Le Journal du Dimanche, « Le couper coller de
l’ADN », 20 décembre 2015.
[27] http://www.jolpress.com/article, « oscar-pistorius-un-coureur-sans-vague-lame »
258578.html
[28] MOLINARIO Joël, « Le
post humanisme entre humanité élargie et fin de l’humanisme », Transversalités, supp. 1, Revue de
l’institut d’études catholiques de Paris, Desclee de Bouwer, 2014, p.49
[29] ibid., p.155
[30] http://www.huffingtonpost.fr/2016/03/12/.
« Jeu-de-go-ordinateur-champion-du-monde-battu »
[32] GAUDIN Thierry, Pouvoirs du rêve, centre de recherche
sur la culture technique, Les éditions d’organisation, Paris 1984, p.117
et 2100
récits du prochain siècle, Payot, 1990
[33]ROSNAY Joël (de), « l’intelligence artificielle : le
Transhumanisme est narcissique. Visons l’hyperhumanisme », Journal l’Obs.26.04
2015
[34] GAUCHET Marcel, le désenchantement du monde, Folio
essais, Gallimard, 1985, 433p.
[35] GAGEY Henri -Jérôme, « Une
crise sans précèdent », revue Transversalités, Supplément 1, op.cit. p.21.
[36] ibid., p.21.
[38]MUNNICH OLIVIER REY Arnold, « l’homme deviendra t- il
immortel ? », Le Figaro, 21
janvier 2015.
[39] AGACINSKY Sylvia, « fabriquer
l’humain ? », Revue
Transversalités, suppl.3, op.cit. p.51à
66
[40] FERRY Luc, la plus belle histoire de la philosophie,
Robert Laffont, Paris, 2014, page 189
[41] SARTRE Jean Paul, l’existentialisme est un humanisme,
Gallimard, Folio Essais, Paris, 1996, page29
[43] GAGEY Henri -Jérôme, « Une
crise sans précèdent », Revue
Transversalités, Suppl. 1, op.cit.
p.23 et 25
[44] MEDEVIELLE Geneviève, « Pluralisme
éthique et laïcité en théologie morale »,
Revue de l'Institut catholique de Paris, 2004, p.71-93.
[45] LAUDATO SI Lettre encyclique,
Paris, Artege, 2015.
[46] MARROU Elise, « l’animal blessé,
Kafka, Coetzee, Diamond », Transversalités. Suppl. 2, op.cit. P.163.
[47] DEBRAY Régis, Eloge des frontières, Gallimard, Paris, 2010,
p.50.
[48] VALERY Paul, l’idée fixe : dialogues, Bibliothèque
de la Pléiade, Tome II, Gallimard, Paris, p.215
[50] MONOD Jacques, le hasard et la nécessité, essai sur la
philosophie naturelle de la biologie humaine, Editions du Seuil, Paris,
1970
[51] MEDEVIELLE Geneviève, penser
l’humanisation après l’humanisme, Transversalités,
suppl.3, op.cit .p.218
[52] THEVENOT Xavier, Morale
fondamentale, op.cit.p126.
[54]
MEDEVIELLE Geneviève,
« penser l’humanisation après l’humanisme », Transversalités, Suppl.3 ; op.cit., p.214
[55] ONFRAY Michel, le ventre des philosophes, critique de la
raison diététique, Grasset, Paris, 1990
[56] Science
et Vie, Avril 2016, « Les pouvoirs du ventre »,
[57] Le Monde, 23/03 /2012 « La flore intestinale
joue avec notre cerveau ».
[58] ROUX Marc « faudra t-il simuler les relations cerveau/intestins ?transhumanistes.com/archives/1015
[59] Le Figaro, 21 janvier 2016
« l’homme deviendra t il immortel ? »,
entretien avec A. Munnich-Olivier Rey.
[60] BADIALI Federico, «
se mettre a l’écoute de la crise, l’expérience du trouble dans l’anthropologie
théologique italienne », Transversalités,
supplément 1, op.cit. p.101
[61] Le Figaro ,28 mars 2016, Interview de Claude Hadjaj.
[62] Catéchisme de l’église
catholique, §365, p.84
[63] THEVENOT Xavier, op cité,
p.39
[64] Ibid. Ch. 2 p.39
[65] Le philosophe MELEAU
PONTY cité par Henri LAUX dans un cours introductif à l’ IST/Sophia
Antipolis 2016
[66] GAGEY Henri Georges « Nous vivons un époque formidable ».Transversalités .Supplément 3 .IEP
Paris.2015. p.32.
[67] Journal du dimanche, 20/12 2015
« le coupe coller de l’ADN »
[68] ROSNAY Joël (de) «
Intelligence artificielle : le Transhumanisme est narcissique .Visons
l’hyperhumanisme » Journal l’Obs.
J 26/04 /2015
[69] RILKE Rainer Maria, Le livre de la Pauvret et la mort, Trad.
Jacques Legrand, Aryen, Paris 1997 p.19 et 20
[70] PELLETIER Anne Marie
« As tu un fois dans ta vie commande au matin ? » Transversalités. Supplément 3, Revue de
l’ICP, Paris, 2015, p.95.
[71] Ibid. p.70
[72] THEVENOT, Xavier repère éthiques, P 36.
[73] La Croix du 2/11 /2015. Cité par Loup Besmond de Senneville
« comment le Transhumanisme percute la foi chrétienne ».
[74] Ibid
[75] TREBUCHET Marie Dominique,
« cours de théologie morale », IST /Sophia-Antipolis,
[76] MOINGT Joseph, « le métier de
théologien » Revue Esprit
.entretien avec Joseph Moingt, Bayard-Presse, avril 2016
[77]
THEVENOT Xavier « Morale fondamentale » op.cit.p109
[78] Jean Michel Besnier, Demain les post humains, op.cit.p.13
[79] Geneviève Médevielle, op .cite Transversalités suppl. 3 p.218
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