dimanche 14 janvier 2018

LENT VOYAGE BLANC

La péniche tremblante remontait  un canal sans fin
Des talus herbeux et givrés me cachaient un horizon deviné.
Le voyage s’étirait, ponctué de lourdes écluses grises.
Parfois penché à la fenêtre d’une maison de batelier,  un  enfant triste regardait le vide.
Puis le lent et fastidieux ronronnement reprenait.

Dans le carré, je suivais du doigt sur la carte les pays traversés ;
J’imaginais au delà des berges , des visages , des rires, des joies d’hommes et de femmes qui vivaient une vie chaude et cuivrée.
Ici le temps givrait lentement à mes côtés.
Je voguais vers le Nord et les cieux  blanchissaient
Comme la prunelle de mes yeux qui les reflétait.

Au huitième jour je rencontrai la glace.
Les moteurs toussaient, impuissants  à pousser  l’étrave qui craquait.
Peu à peu le bateau s’immobilisa dans le silence cristallisé .
Puis tout gela rapidement autour de moi.
Le ciel livide ne respirait plus.
Le sang se figea dans  mes doigts devenus cassants.
Mon cœur s’arrêta doucement
Je devins ange de glace au sourire figé.

Noel IB