
SEMINAIRE DE MEDITATION
Animé par
JEAN-PIERRE SCHNETZLER
28/29 Septembre 2012
Montchardon
Notes et transcription
Noël IMBERT-BOUCHARD
INTRODUCTION A LA MEDITATION-ETYMOLOGIE ET HISTORIQUE
Il n’y a pas une véritable correspondance entre la notion occidentale contemporaine de méditation (action de soumettre à une longue et profonde réflexion : source Petit Robert) et son acception orientale
Le terme bouddhiste traduit pour méditation est Bhâvanâ en sanscrit [1](en pali[2] bhavana et en thibetain sgom-pa)
Samatha bhavana (pali ) désigne dans le bouddhisme un ensemble de pratiques méditatives
« Samatha » signifie tranquillité et « bhavana »littéralement existence, est traduit par développement (source : wikipedia)
« Le mot "bhâvanâ" utilisé par le Bouddha est ordinairement traduit en français, comme en anglais, par "méditation". On dit par exemple pour "mettâ bhâvanâ", méditation de l'amour, de la bienveillance. Ici encore "bhâvanâ" est compris comme une sorte de discipline intérieure, de technologie intérieure. A mon avis, cette traduction n'est pas juste. Bhâvanâ, littéralement, veut dire amener à l'existence (to bring into being), faire naître, créer, cultiver quelque chose. Bhâva, c'est l'existence. Sa racine sanscrite : bha, est très proche de "be" en anglais. Etymologiquement, il y a une liaison entre "bhâva" et "being". Quant au suffixe "na", il apporte un sens actif , celui de faire quelque chose, de donner naissance, de cultiver quelque chose qui n'existait pas précédemment, de générer, de donner vie… » (source Stephen Bachelor Meditation Vipassana)
Méditation (en thibétain gompa [sgom-pa]) : terme général qui désigne habituellement un ensemble de « techniques méditatives ». Ainsi, Shamatha, Vipasyana sont des méditations. Selon le Dzogchen, la méditation est un état où l’on intègre tout dans la présence de rigpa. Ce n’est pas une pratique, mais un état (source : Philippe Cornu :glossaire Thibetaion sur le site de Rigpa France))...
...De fait la méditation bouddhiste comprend en réalité l’ensemble des aspects définis ci dessus comme étant ceux recouvrant ce domaine au Moyen Age.
Au Moyen –Age la méditation figurait comme l’un des 4 barreaux de la pratique monastique chrétienne et comprenait :
1 La Lectio (Lecture des textes sacrés)
2 La Meditio (Méditation sur les textes sacrés)
3 L’Oracio (l’Oraison c’est à dire la fixation de l’esprit accompagné d’un esprit de
4 La Contemplatio (Extase contemplative de l’amour divin) .
En latin « meditari » correspond à une notion d’exercice, de manœuvre militaire.
La conception de la tripartition de l’homme (étage corporel, étage mental, étage spirituel) se retrouve dans le bouddhisme ,le christianisme, l’hindouisme.§ Mais à partir du 14° siècle (concile deVienne / Isère en 1312/le même concile qui a supprimé l’Ordre du temple) la tripartition est remplacée chez les catholiques par la bipartition (le corps et l’âme) ce qui va avoir des conséquences gigantesques sur l’histoire de l’occident .L’âme va « regrouper » à la fois l’aspect mental et l’aspect transcendantal de l’être humain. D’ou le conflit incessant entre le pôle spirituel de l’âme et le corps car la dualité est génératrice de conflits que la tripartition permettait de médiatiser (soit la civilisation comme aujourd’hui va verser dans le matérialisme absolu, soit le corps et la matière vont être dévalorisés au profit de l’esprit ; dans les deux cas ces attitudes extrêmes conduisent à une impasse).La pratique de la méditation bouddhiste intègre elle les trois niveaux (le corps, le mental l’esprit).
LES TROIS ETATS DE L’ETRE HUMAIN
CORPS MENTAL ESPRIT
Psychisme Individuel
Lieu du supra –individuel (« spiritus » en latin, « pneuma » en grec)
Infini dans le temps et l’espace et pourtant au centre de moi-même. Conception des pères grecs et des bouddhistes.
« Corpus Anima Spiritus » : chez Saint Paul l’âme c’est le mental qui anime le corps .Au fur et à mesure celle ci va prendre la place de l’esprit.
Le but ultime de l’être humain est de parvenir à la réalisation ultime qui comporte la prise en compte de ces trois niveau
Dans la méditation bouddhiste c’est l’Esprit qui regarde le Mental
La méthode méditative est avant tout une pratique : une invitation à la méthode expérimentale
Toutes les techniques de méditation bouddhiste peuvent être classées en deux familles :
LA CONCENTRATION et LA VISION PENETRANTE
LA CONCENTRATION
La pratique vise à se concentrer mentalement sur un seul point le plus longtemps possible. Dans cet exercice (que nous pratiquons habituellement en essayant de résoudre un exercice de mathématiques ou une difficulté mentale particulière nécessitant une intégration intense) nous n’existons qu’à l’intérieur du problème que nous essayons de résoudre et qui nous absorbe durant des heures sans que nous ayons conscience du temps qui passe. Nous vivons à l’intérieur de l’objet de la réflexion et devenons celui ci. .Dans la méditation il convient d e maintenir l’attention de manière stricte et rigoureuse le plus longtemps possible (la notion de durée est importante).Cet exercice à des aspects mentaux particuliers, crée des états de conscience totalement différents de ceux que l’homme ordinaire éprouve quotidiennement.
Mais le type de support de la concentration est chaque fois différent. Il n’est pas neutre car comme il est écrit plus haut nous intégrons ce support à notre conscience autant qu’il nous intègre. Chaque fois la tonalité de la méditation et ses résultats seront donc différents suivant le support utilisé. Lorsqu’on médite sur la Lumière les résultats de la méditation seront imprégnés par la nature spécifique de celle ci et la conception que l’on s’en fait. Il faut donc que l’objet de la concentration convienne au méditant pour qu’il se l’approprie de manière aisée. Ainsi, pour un chrétien, méditer sur le Christ en croix n’aura bien entendu pas les mêmes résultats que chez un asiatique formé dans un autre univers culturel. (cette imprégnation christique pouvant conduire chez certains mystiques comme Saint François jusqu’à l’apparition de stigmates)
L’apparition chez certains sujets de pouvoirs qui peuvent être qualifiés de « supra -normaux »n’est pas liée à leur sainteté ou à l’excellence spirituelle de leur démarche. Car la concentration en elle même ne libère pas si elle n’est pas mise au service de la sagesse et de l’amour. La méditation est d’abord une technique « neutre » dont les résultats in fine dépendent des motivations profondes du méditant.
Les résultats de la concentration sont de plusieurs ordres :
· le calme mental
· la paix intérieure
· le bonheur et la joie
· l’arrêt de la pensée conceptuelle et dialectique remplacée par l’intuition contemplative
Cette dernière caractéristique est éprouvée par tous dans la vie quotidienne à certains moments privilégiés de la vie lorsque la recherche d’une solution est donnée par une intuition soudaine qui ne relève pas de la pensée discursive.
C’est cet état de « fulgurance » intuitive qui peut en quelque sorte être stabilisée est maintenue par la concentration.ª
Les problèmes que nous affrontons quotidiennement viennent tous du mental. La joie, le calme mental, l’amour surgissent du fond de soi. L’intérêt fondamental de la concentration est de calmer le mental. Lorsqu’il est calmé on peut le transformer par la Vision Pénétrante
LA VISION PENETRANTE
C’est une vision sage qui va au delà des voiles qui obscurcissent notre vie de conscience. Cette vision sage nous permet d’aller au-delà de l’apparence des choses et de trouver la simplicité.
Il existe en nous une étincelle divine:en se plaçant au centre de soi on est en communication avec cette part d’éternel. En se plaçant « dans » l’esprit on se met en accord avec notre nature transcendante. . La réalité ultime à atteindre c’est la non dualité
Mais comme dans la concentration la vision pénétrante est une technique .Elle doit s’appuyer sur une double dimension : la dimension intérieure et la dimension altruiste. L’équilibre de la pratique c’est l’équilibre de l’amour et de la sagesse .Les bouddhistes disent que pour voler un oiseau à besoin de ses deux ailes. En maintenant cette intention altruiste au profit de tous les êtres la méditation s’en trouve facilitée. La méditation se place toujours dans un cadre plus vaste .On ne pratique pas seul. Matériellement si la méditation solitaire est recommandée il est intéressant de méditer en groupe pour profiter de l’égrégore du groupe. Par ailleurs spirituellement nous sommes dépositaires d’un bien à transmettre. Nous appartenons à un courant qui nous relie au passé et à l’avenir. Nous pensons trop souvent à tort être seuls : c’est notre illusion.
L’accès à la non dualité nous permet de remédier à cette coupure du monde qui est en nous et de réintégrer l’univers dans l’ordre du Sacré. La vie profane n’existe que comme résultat de cette coupure en nous.
Le Bouddha a eu des maître indiens yogis qui ne sont pas parvenus à l’amener à la libération. Il a élaboré la vison Pénétrante qui lui a permis d’accéder au Nirvana. La conscience ordinaire est altérée par les phénomènes mentaux. Nous ne voyons en effet pas le monde tel qu’il est mais tel que nous avons été conditionnés pour le percevoir (conditionnement de l’éducation, des épreuves douloureuses ou heureuses, contraintes sociétales etc..)Aussi ne voyons-nous jamais LE monde mais MON monde .Je ne voit jamais LA montre que j’ai au poignet mais MA montre. Mais nous ne nous rendons pas compte au quotidien de cette impossibilité dans laquelle nous sommes d’accéder à la vraie nature du réel qui nous reste inaccessible. L’erreur dans laquelle nous sommes est de nourrir un point de vue erroné non conforme à la vérité fondamentale et de fonctionner de manière duelle. Ma première réaction est d’aimer ou de ne pas aimer. En « aimant » ou en « n’aimant pas » je prends partie c’est à dire que je coupe les choses en deux ;je suis partie prenante dans une partie et je ne saisis pas la globalité. Ainsi percevons-nous le monde à travers un certain point de vue qui est nôtre et nous percevons tout à travers ce prisme. La pratique de la vision sage permet de déconstruire ces à priori affectifs qui fonctionnent de manière appréhensive duelle. Quand j’aime quelque chose ou quelqu’un je considère instinctivement que cela correspond à un bien c’est bien ; quand je ne l’aime pas j’attribue à l’objet de mon désamour la notion de mal. Bien et mal se construisent par rapport à des a priori affectifs qui sont les miens. Il faut donc enlever ce voile ou ces lunettes déformantes. Il est nécessaire de se placer à la source de la vue pour ne pas s’identifier à ce que l’on voit .Le principe à respecter n’es pas de « faire »quelque chose en « plus » mais de tout « défaire » pour se détacher. La sagesse fondamentale (le saint Esprit ?) est déjà là (s’il n’était pas là nous ne serions pas présents à cette session).Si l’on se place dans le bon angle de vision ,au bon endroit pour voir les choses, les liens qui nous lient se défont d’eux mêmes.
La technique la plus simple pour y parvenir est de s’imprégner de la sensation du corps assis, vivant , qui respire. Il faut revenir au fondamental et éprouver la sensation du corps qui ne bouge pas .Le seul effort est de regarder cela avec le bon œil .Et juste sentir le corps ! Mais la plupart du temps le mental n’obéit pas à cette injonction apparemment simple. Le mental n’obéit pas à cette consigne de simplicité et je me rends compte à cette occasion que je ne suis pas le maître chez moi. Le mental produit sans cesse des idées , des images, des projets qui me fascinent, m’absorbent ,me captent et je ne prends pas conscience habituellement de cette captation et de cette servitude.
Lorsque cela se produit en méditation il faut simplement que je sois conscient que le mental « redémarre » et que « je pars en images » afin de ne pas me laisser fasciner .Je vois ce qui se passe et j’abandonne la sensation de partance pour revenir sur la vision associée à la méditation. Le schéma de la libération est simple : voir juste et abandonner pour revenir au corps qui est assis.
Les consigne pratiques :
1-Ne s’efforcez qu’à une chose ; rester assis dans ae bonne position.
Aucun objectif autre que celui ci n’est attendu .Le seul objectif : garder les fesses posées pendant vingt minutes sans bouger. Mais pour quel résultat ? Celui-ci sera donné par surcroît (en référence à l’évangile de saint Luc).Le résultat viendra sans que nous le poursuivions. Le fruit est mûr le jour ou il l’est. Faire le travail sans attendre le salaire
2-De tous les phénomènes que je vois, « je » ne suis pas cela.. ceci n’est pas « moi »..
Je ensuis pas cela .. sans arrêt je cherche à m’identifier aux phénomènes mentaux.
Ceci est « ma » montre, « ma » représentation, « ma » femme »c’est à dire que je possède. Cette possession me constitue. Elle est la source des malheurs du monde. Pourtant tout change sans cesse (impermanence), rien ne m’appartient, rien ne dure et pourtant je me ressens stable ; cet attachement illusoire est la source des conflits, des douleurs. Il faut devenir libre par rapport aux choses.
Il faut regarder passer les phénomènes sans s’y attacher ;
ils passent ; on ne s’en rend pas propriétaire et on ne les juge pas .Il faut rester neutre vis à vis d’eux en restant fondamentalement bienveillant vis à vis de soi-même.
Pour les hindous le mental ressemble à une bande de singes dans un arbre : ça piaille , ça saute ,ça s épouille ,ça s’époumone.. La vision pénétrante c’est de regarder les singes dans l’arbre sauter de branche en branche sans sauter avec eux.
Voir et abandonner. Ce processus n’exige ni énergie positive, ni énergie négative : c’est le chemin de tout processus spirituel. Il consiste à tuer le vieil homme (chez les chrétiens /Mais faut il vraiment tuer le vieil homme ?) tuer le Maître , trouver le Bouddha en soi. Pour cela il est nécessaire de prendre une distance d’observation par rapport au schéma sur lequel nous sommes d’habitude « collés ».Objectif « se décoller »pour voir lucidement et ne plus être fasciné.
Dans la vison pénétrante il convient d e noter ce qui se produit par la vue, l’ouïe, la sensation Si mon genou me fait mal, c’est comme ça ; j’examine cette douleur, je l’observe .En faisant cela rien ne nous trouble et nous faisons l’apprentissage de la sérénité. La bonne pratique est au delà du mode de pensée.
Dans un seul et même processus on a la vue juste ET la disparition du lien.
Mais à quoi cela sert il ? A se libérer !
A voir le fondement divin de l’être à partir du moment ou nous ne sommes plus identifiés aux phénomènes passagers transitoires.
Mais qu’est ce qui reste ? La nature du Bouddha ,la sagesse .Ce n’est pas moi qui m’identifie à Bouddha, c’est moi qui m’efface pour laisser apparaître le Bouddha, le Christ
Le problème de l’individu est souvent de dire « non » avant toute chose au lieu de dire « c’est comme ça ».Progressivement par la pratique j’use les vieilles habitudes de négativité qui diminuent. Au bout de quelques années je change. Ce processus naturel s’accomplit seul :il n’et pas nécessaire de le forcer pour le faire advenir.
Comment Méditer ?
La méditation se pratique assise (en lotus, semi lotus et le plus souvent en position « birmane »ou assis sur une chaise. Principes de base :dos droit, tête légèrement rentrée dans le cou, mains posées sur le giron avec la main gauche posée dans la droite et les pouces légèrement joints,langue appuyée sur le palais, yeux mi clos fixés à 45 degrés sur l’arête du nez.
Les mains :sagesse contemplative à gauche et activité masculine compatissante à droite. La main gauche repose dans la main droite. Les mains forment un cercle avec les pouces qui se touchent. L’ensemble est placé sous le nombril et préserve le précieux trésor de l’énergie à la base de la colonne vertébrale.
La méditation peut également se pratiquer couché ce qui permet de maîtriser le mental pour ne pas céder à la tentation de s’endormir ou au contraire méditer par concentration pour s’endormir le soir (et poursuivre car il existe des techniques de méditation dans le rêve)
On peut être couché sur le dos (dans la position Yoga dîte du cadavre ) ou couché sur le côté droit (dans la position dans laquelle le Bouddha est mort)en regardant à l’infini.
Dans la méditation le changement est lent mais il faut pratiquer quotidiennement. Les effets s’enclenchent naturellement et mécaniquement.
LE MENTAL
L’animus de Jung c’est la conception que l’on se fait du mâle et l’Anima celle de la femme. Tous deux sont en chacun de nous. Avant sa mort Jung admit que le Soi c’est le Soi transcendant (incluant le moi :le niveau supérieur incluant le niveau inférieur) De fait l’Ego est une illusion qui se prend pour une instance psychique.
Le « mental » de Dupont ou Durand « met en forme » à la maniere de Dupont ou Durand des problèmes universels. Qu’est ce qui m’appartient ?(une histoire)Et qu’est ce qui appartient à tous les humains ?Il faut passer du Moi à ce qui est au delà du Moi :à l’Universel.
Toute notre société moderne est conçue, organisée pour que nous ne soyons pas conscients de nous mêmes
La méditation c’est la possibilité de se réunifier. L’ermitage est dans notre cœur (le cœur-ermite).
. Le méditant est symboliquement tourné vers l’est et il est le temple. Tout es donc en l’homme ; il ne lui manque que la clef d’utilisation (rituel de l’arche royale).Il convient d’en tenir compte dans la méditation :le saint esprit est déjà là ;il est dans le Temple.
PRATIQUE DE LA CONCENTRATION
Dans la vision pénétrante l’œil fait 360 degrés alors que dans la concentration on focalise de l’énergie sur un seul point, en un seul degré du cercle. On va choisir quelque chose et éliminer du champ mental tout ce qui n’est pas choisi :on va entraîner l’esprit pour qu’il ne s’intéresse exclusivement qu’à ce sujet. On choisit , on élimine. on cherche à obtenir un résultat .Pour cela on s’intéresse à un support particulier.
Supports de méditation
Exemples /des objets visuels simples :
· un rond blanc sur un fond noir
· un rond noir sur un fond blanc
· un rond de couleur sur un fond blanc
· un mandala tibétain (pratique complexe et difficile)
· une peinture sur tissu représentant le Bouddha ou l’une de ses formes( divinités symboliques du tantrisme)
· le Christ (pour le chrétien support qui a une efficacité pouvant aller jusqu’à la stigmatisation du sujet)
· les cinq éléments :
la terre (un cercle de terre glaise posé devant soi)
l’eau (une coupe d’eau claire)
le feu (une bougie ou une lampe)
l’air (un trou dans un mur)
l’espace proprement dit qui symbolise la quintessence (infinité du ciel)
· le bruit d’une cascade (souvent les méditants établissaient leurs ermitages auprès d’une cascade)
· les bruits artificiels (psalmodies des moines , répétition d’un mantra :om mani padme Houng..Philocalie prière du cœur « Seigneur Jésus fils de Dieu aie pitié de nous »
· la sensation respiratoire (on se restreint à la seule sensation : ça respire
Les effets généraux de la méditation
1/ La « bande des singes » se calme
2/ Le méditant ressent un agréable sentiment de paix
3/ Ce bonheur entraîne une force qui vient (la PITI) ou en sanscrit (PRITI) qui est un état dynamique joyeux (un jaillissement de force interne qui s’accompagne d’un sentiment physique dans le corps ,une sensation de courant énergétique.
Ceci peut être perturbant les premiers te temps. On peut même devenir « méditant-dépendant » de ces effets. Si on continue sur cette voie de manière mystique ou érémitique (on passe dans la voie des extases-ou des enstases) on finit par perdre la notion du monde extérieur et du corps. On est plongé dans un univers uniquement mental. La pensée conceptuelle s’arrête et est remplacée par l’intuition contemplative .Les mystiques décrivent cet état comme « ineffable » car on ne peut le décrire avec des mots (seul la poésie pourrait fugacement en rendre compte).Il existe un danger de s’enfermer dans ce paradis et un autre encore plus grand constitué par l’apparition de pouvoirs paranormaux (télépathie, décorporation, clairvoyance).Dans cet état le temps et l’espace n’existent plus de la même manière. L’esprit peut même agir directement sur la matière (miracles).L’attachement à ces pouvoir conduit à être prisonnier de sa propre volonté de puissance (un gourou hindou du 20° siècle est connu pour être devenu grâce à ses pouvoirs bien réels un escroc international).La concentration seule ne libère pas .Devenue sa propre fin elle peut être cause d’un attachement préjudiciable
Bien utilisée la concentration est un bon outil mais il doit être utiliser avec prudence. Car la seule finalité qui importe et qui libère ,le but demeure la vision sage.
COMPARAISON CONCENTRATION-VISION PENETRANTE
CONCENTRATION
VISION PENETRANTE
On essaye d’obtenir un résultat sans être attaché au résultat.
C’est un effort paradoxal car la vérité de la démarche est toujours sur la lame du sabre
C’est un effort à la fois tendu et détendu.
La perfection de la posture sans être négligée a une importance moindre
La justesse de la posture a une importance capitale
Méditation à pratiquer dans des conditions favorables
Conditions de calme et de sécurité nécessaires et être dans une bonne forme physique (pas avec un rhume d e cerveau)
Méditation à pratiquer dans des conditions défavorables
Les circonstances extérieures sont sans effet. Il est possible de méditer au milieu de voitures ou à côté d’un marteau piqueur en prenant ces sons comme supports de méditation
Le phénomène mental est ici un intrus. On lui tourne le dos et on évite l’inattention en s’intéressant à la respiration.
Le phénomène mental exogène fait partie du travail : il constitue un support et on ne lui est pas hostile.
Techniques de concentration
Ø 1/ Se concentrer sur la Respiration et l’abaissement des côtes. Accorder intérieurement de l’importance à ce phénomène comme observateur sans interférer et sans rien perdre des cycles de respiration..
Ø 2/ Quand une irruption phénoménal se produit lui « tourner le dos » et se réinvestir dans l’intérêt pour la respiration.
Ø 3/ Une technique pour échapper à la distraction consiste à compter jusqu’à 10 (une unité par inspir/expir ) et recommencer :le but est de préoccuper le mental pour qu’il nous laisse en paix
Ø 4/ On peut user d’un mantra de type « om mani padme houng » en rythme avec la respiration
Ø 5/ Au bout de quelques mois on quitte l’abdomen et les côtes pour se concentrer sur le bout du nez (se concentrer sur l’air frais qui rentre dans les narines et la sensation tiède provoquée par l’air expiré)
Ø 6/ Puis dans la pratique de la convergence oculaire faire converger les yeux vers le bout du nez ou le centre du front entre les sourcils. On peut pour cela fermer les yeux (avec le risque d’endormissement) On regarde un point imaginaire derrière les paupières fermées vers le centre du front. Cela favorise l’apparition des « signes de la concentration ».Ceux ci peuvent prendre des formes visuelles, provoquer des sensations cutanée ou auditives.
Premier cas :Le plus souvent ce sont des stimulations lumineuses se traduisant par l’apparition de signes flous et variés. Au fur et à mesure le phénomène se fixe à un endroit et devient plus fort .Il varie d’intensité avec la force de la concentration comme un rhéostat. C’est souvent un cercle lumineux.
A ce stade on se focalise uniquement sur le signe de la concentration » en abandonnant le bout du nez et la fixation oculaire entre les sourcils.
Deuxième cas :apparition de phénomènes sensibles cutanés. Sensation sur la peau ou sur la face haute du crâne. On se concentre sur le point sensible qui est en général situé sur l’axe médian du corps.
Troisième cas : naissance d’un bruit entre les deux oreilles au centre de la tête :bruit d’une petite abeille. Quand le bruit devient intense et stable c’est le signe de la concentration
.
Ø 7 /L’intérêt est d’arriver une fois en arrêt sur le signe de la concentration d’obtenir une production mentale très diminuée avec des pensées très réduites et d’arriver à la « première extase »
Ø 8/A ce stade on décide d’ouvrir son champ de vision à 360 degrés et on bascule dans la vision pénétrante en voyant les pensées qui se présentent avec un état d’acuité et de compréhension gigantesques. Les voir à ce stade n’est plus une gêne.
A un certain stade de la méditation de concentration l’esprit s’écarte et s’ouvre sur la vision pénétrante avec un degré d’acuité jamais atteint.
LES OBSTACLES A LA MEDITATION
L’ILLUSION DU MOI
Le Moi se prend pour ce qu’il n’est pas mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas
.La comparaison traditionnelle qui est faîte est celle de la corde prise à tort pour un serpent .Dévoré par l’anxiété celui qui l’aperçoit est réellement physiologiquement bouleversé par une illusion .L’illusion c’est de donner un statut de réalité à un mirage.
Quelle est l’illusion du Moi ?
C’est d’être autonome, indépendant, existant par lui même. Un existant coupé du reste du monde mais centre de celui-ci (presque Dieu).Au lieu e reconnaître sa dépendance cosmique et sa liaison avec tout le reste du monde et sa dépendance. Cette position égocentrique fait tous les malheurs du monde. Si le Moi reconnaissait ce qu’il est : quelque chose de dépendant, impermanent, bougeant sans cesse il n’y aurait pas de problème. Certes le moi psychologique existe ;Dupont n’est pas Durand (mai Durand 40 ans plus tard n’est plus Durand non plus).Or le Moi s’imaginant autonome et fixe à une répugnance à changer parce qu’il a peur de changer. Tendance à la persistance et à la répétition. Ce que l’on connaît vaut mieux que ce que l’on ne connaît pas. (cf Le tyran Denis de Syracuse pour la survie duquel une femme priait lorsque les barbares entraient dans la cité car elle préférait conserver celui ci qu’affronter un inconnu qui pourrait se révéler pire).Le Moi nous a été utile dans la vie et on ne souhaite pas changer en vertu en quelque sorte des avantages acquis. Mais il ne faut pas « tuer » ou « assassiner » ce moi. Le meurtre du vieil homme est une brutalité inutile. Il vaut mieux le faire évoluer jusqu’à ce qu’il décide de disparaître .Lorsque le Moi qui accepte de changer constate que ses identifications sont des illusions, il perd ses contraintes rigides et accepte de disparaître.
Une appréhension partielle et partiale des choses à l’intérieur ou à l’extérieur. On n’apprécie pas la réalité telle qu’elle est .Avec l’ignorance et l’erreur on trouve toujours un attachement positif et négatif.
Le schéma fondamental des poisons est à l’œuvre sans arrêt. Ma réaction immédiate face à un évènement est : « j’aime » ou « je n’aime pas ».Pour remédier à cela il faut voir l’événement et laisser tomber.
Il est nécessaire de se désinvestir
Le travail sur le Moi est la matière première du travail dans la méditation.
Faire évoluer le Moi , lui donner la possibilité de défaire ses liens et ses attachements est un objectif de réalisation .
LE FONCTIONNEMENT DU COUPLE EXCITATION–HYPO-VIGILANCE
Plage de travail
Limite Haute
Limite Basse
EXCITATION
BAISSE DE VIGILANCE
Somnolence
Excitation
EXCITATION
C’’est le phénomène dît du « torrent de montagne ».Le mental se met à produire à toute vitesse et il est impossible à contrôler. C’est l’équivalent en quelque sorte de la réaction du gosse que l’on souhaite discipliner et qui le refuse. Dans ce cas il ne faut rien faire. Comme devant un torrent de montagne qui déferleil convient de s’asseoir sur la berge et de le regarder couler en attendant qu’il s’arrête. C’est le phénomène de la révolte du mental contre la contrainte.
SOMNOLENCE
A l’inverse de l’excitation la baisse de vigilance entraîne à la « sieste spirituelle ».
Premier moyen de vigilance : conserver une bonne posture physique (ce sont dans ce cas les muscles qui envoient au cerveau des ordres de « mise en forme ».On peut également procéder mentalement à un rapide « état des lieux » : face ,menton ,épaules ,jambes ,colonne vertébrale.
Second moyen de vigilance : se lever et méditer en marchant puis retourner en position assise. Dans l’école Bön qui précéda la bouddhisme au Tibet la circumambulation se pratique à l’inverse de la course du soleil. Elle peut symboliser un retour à l’origine du monde. C’et l e même sens de rotation que le premier voyage de l’impétrant en maçonnerie. Dans le bouddhisme, zen particulièrement, la méditation marchée se pratique dans le sens des aiguilles d’une montre Les mains sont croisées sous le sternum. Le pouce est rentré dans la main droite et la main gauche appuie les deux sur le sternum (dans le centre du corps est l’esprit, le cerveau étant lui le siége du mental).Lorsqu e les mains se placent pour saluer, devant le sternum elle laissent entre elles au milieu un léger creux, place de la pierre philosophale, l’agent transformateur se trouvant dans le vide entre la sagesse et la compassion. Lorsqu’on salue on est ramené à la centralité et à la nature de bouddha.
Avant de s’asseoir on salue le coussin d e méditation qui est le trône de bouddha afin que l’on devienne ou redevienne ce que l’on est vraiment .)
LE DOUTE SCEPTIQUE
C’est un ruse du Moi pour refuser la méditation notamment en programmant des oublis d’horaires, en différant les rendez-vous ,en justifiant les raisons impérieuses de remplacer la méditation par une autre tâche urgente. Cela traduit un désir du moi de ne pas être mis en danger et la meilleure façon est l’immobilisme pour que rien ne change.
Le doute sceptique est une ruse du dénigrement qui vise à trouver infondés les résultats et l’efficacité de la méditation(« le sport serait certainement plus efficace pour ma santé et mon bien être ! Est ce que vraiment cela me convient et est adapté à ma personnalité ?Sans doute la pratique du golf serait elle plus bénéfique ! »)
Face à ce doute destructeur le bouddhisme en revanche prône le doute réalisateur comme une vertu. « Puisque l’on me dit que la méditation est bénéfique j’en fais la vérification expérimentale ! » et je vérifie la véracité de l’assertion. C’est la solution de Bouddha qui incite à ne pas le croire sur parole mais à vérifier ses conseils et à ne devenir son disciple qu’après l a preuve expérimentale de ses dires.
Le bouddhisme ne demande pas de croire mais de faire et de vérifier.§
.
LA DOULEUR PHYSIQUE ET PSYCHOLOGIQUE
C’est la matière première du travail méditatif
.Assis sur un coussin on souffre mais cette douleur est « bénie » puisqu’elle ne présente aucun risque physique .Un méditation sur la douleur dans ces circonstances constitue un entraînement pour les vraies douleurs qui seront notre lot de la maladie et de la mort. Cette douleur dans la médiation est exacerbée par ma peur, mon anxiété, mon intolérance à la souffrance ?Il faut traiter la douleur du genou, du dos en examinant mentalement la nature de cette douleur. Car ce n’est pas MA douleur qu’il faut traiter mais LA douleur. Il est nécessaire d’objectiver celle ci pour travailler avec elle afin qu’elle constitue un support du travail ?
Ces douleurs sont généralement provoquées par des contractures musculaires (notamment quand on est trop incliné en position assise le muscles du dos retiennent la colonne en force et les méditants souffrent de cette contracture dorsale) mais les émotions s’investissent également dans les muscles .
Les plus fréquentes sont les douleurs du trapèze et de muscles des épaules. L’homme est programmé depuis toujours à affronter l’adversaire et à lutter (peut être est ce même inscrit dans notre cerveau reptilien.)Quand l’individu est contrarié ,anxieux ,combatif ou en posture défensive ce sont les muscles de ses épaules qui se contractent les premiers .C’est une des causes actuelles des maladies de dos et des épaules provoquées par le stress et dont beaucoup d e nos contemporains souffrent.
(NB On peut s’auto-frapper avec la paume de la main en se bloquant le coude le trapèze douloureux pour le décontracter. Dans le Zen on fait Kazyuku avec un bâton sur les épaules du méditant qui le réclame)
Quand la douleur est trop grande on peut changer de position en prenant la posture de méditation du Bodhisattva (saluer avant de changer de position et opérer le mouvement sans bruit)
[1] Sanscrit : langue classique de la civilisation brahmanique de l’Inde
[2] Pali : ancienne langue religieuse de l’inde méridionale et de Ceylan
§ Cf « Corps-Ame Esprit par un bouddhiste »Jean Pierre Schnetzler Le Mercure Dauuphinois 2002
ª Cf Héraclite « La foudre gouverne toute chose », interprété par Heidegger et Fink de la manière suivante :les choses apparaissent à l’esprit comme le paysage d’une clairière soudain éclairé par la foudre, et l’impression laissée par cette illumination, par la suite, guide l’ interprétation et, de ce fait, «gouverne » toute chose. Cité par Thierry Gaudin in « Préliminaires à une prospective des religions » éditions de l’Aube .1998
§ C’est d’ailleurs là sans doute une grande différence entre Judaïsme ,Islam, christianisme, hindouisme et le bouddhisme :les premières impliquent la foi ,la seconde l’expérimentation. Cela renforce d’ailleurs les proximités analogiques avec la FM qui fait de la pratique rituellement la condition expérimentale pour avancer vers la Lumière sans exiger préalablement une quelconque adhésion à un vérité exotérique.
Ne pas confondre par ailleurs le doute méthodique chez Descartes et le doute sceptique visé içi.
Animé par
JEAN-PIERRE SCHNETZLER
28/29 Septembre 2012
Montchardon
Notes et transcription
Noël IMBERT-BOUCHARD
INTRODUCTION A LA MEDITATION-ETYMOLOGIE ET HISTORIQUE
Il n’y a pas une véritable correspondance entre la notion occidentale contemporaine de méditation (action de soumettre à une longue et profonde réflexion : source Petit Robert) et son acception orientale
Le terme bouddhiste traduit pour méditation est Bhâvanâ en sanscrit [1](en pali[2] bhavana et en thibetain sgom-pa)
Samatha bhavana (pali ) désigne dans le bouddhisme un ensemble de pratiques méditatives
« Samatha » signifie tranquillité et « bhavana »littéralement existence, est traduit par développement (source : wikipedia)
« Le mot "bhâvanâ" utilisé par le Bouddha est ordinairement traduit en français, comme en anglais, par "méditation". On dit par exemple pour "mettâ bhâvanâ", méditation de l'amour, de la bienveillance. Ici encore "bhâvanâ" est compris comme une sorte de discipline intérieure, de technologie intérieure. A mon avis, cette traduction n'est pas juste. Bhâvanâ, littéralement, veut dire amener à l'existence (to bring into being), faire naître, créer, cultiver quelque chose. Bhâva, c'est l'existence. Sa racine sanscrite : bha, est très proche de "be" en anglais. Etymologiquement, il y a une liaison entre "bhâva" et "being". Quant au suffixe "na", il apporte un sens actif , celui de faire quelque chose, de donner naissance, de cultiver quelque chose qui n'existait pas précédemment, de générer, de donner vie… » (source Stephen Bachelor Meditation Vipassana)
Méditation (en thibétain gompa [sgom-pa]) : terme général qui désigne habituellement un ensemble de « techniques méditatives ». Ainsi, Shamatha, Vipasyana sont des méditations. Selon le Dzogchen, la méditation est un état où l’on intègre tout dans la présence de rigpa. Ce n’est pas une pratique, mais un état (source : Philippe Cornu :glossaire Thibetaion sur le site de Rigpa France))...
...De fait la méditation bouddhiste comprend en réalité l’ensemble des aspects définis ci dessus comme étant ceux recouvrant ce domaine au Moyen Age.
Au Moyen –Age la méditation figurait comme l’un des 4 barreaux de la pratique monastique chrétienne et comprenait :
1 La Lectio (Lecture des textes sacrés)
2 La Meditio (Méditation sur les textes sacrés)
3 L’Oracio (l’Oraison c’est à dire la fixation de l’esprit accompagné d’un esprit de
4 La Contemplatio (Extase contemplative de l’amour divin) .
En latin « meditari » correspond à une notion d’exercice, de manœuvre militaire.
La conception de la tripartition de l’homme (étage corporel, étage mental, étage spirituel) se retrouve dans le bouddhisme ,le christianisme, l’hindouisme.§ Mais à partir du 14° siècle (concile deVienne / Isère en 1312/le même concile qui a supprimé l’Ordre du temple) la tripartition est remplacée chez les catholiques par la bipartition (le corps et l’âme) ce qui va avoir des conséquences gigantesques sur l’histoire de l’occident .L’âme va « regrouper » à la fois l’aspect mental et l’aspect transcendantal de l’être humain. D’ou le conflit incessant entre le pôle spirituel de l’âme et le corps car la dualité est génératrice de conflits que la tripartition permettait de médiatiser (soit la civilisation comme aujourd’hui va verser dans le matérialisme absolu, soit le corps et la matière vont être dévalorisés au profit de l’esprit ; dans les deux cas ces attitudes extrêmes conduisent à une impasse).La pratique de la méditation bouddhiste intègre elle les trois niveaux (le corps, le mental l’esprit).
LES TROIS ETATS DE L’ETRE HUMAIN
CORPS MENTAL ESPRIT
Psychisme Individuel
Lieu du supra –individuel (« spiritus » en latin, « pneuma » en grec)
Infini dans le temps et l’espace et pourtant au centre de moi-même. Conception des pères grecs et des bouddhistes.
« Corpus Anima Spiritus » : chez Saint Paul l’âme c’est le mental qui anime le corps .Au fur et à mesure celle ci va prendre la place de l’esprit.
Le but ultime de l’être humain est de parvenir à la réalisation ultime qui comporte la prise en compte de ces trois niveau
Dans la méditation bouddhiste c’est l’Esprit qui regarde le Mental
La méthode méditative est avant tout une pratique : une invitation à la méthode expérimentale
Toutes les techniques de méditation bouddhiste peuvent être classées en deux familles :
LA CONCENTRATION et LA VISION PENETRANTE
LA CONCENTRATION
La pratique vise à se concentrer mentalement sur un seul point le plus longtemps possible. Dans cet exercice (que nous pratiquons habituellement en essayant de résoudre un exercice de mathématiques ou une difficulté mentale particulière nécessitant une intégration intense) nous n’existons qu’à l’intérieur du problème que nous essayons de résoudre et qui nous absorbe durant des heures sans que nous ayons conscience du temps qui passe. Nous vivons à l’intérieur de l’objet de la réflexion et devenons celui ci. .Dans la méditation il convient d e maintenir l’attention de manière stricte et rigoureuse le plus longtemps possible (la notion de durée est importante).Cet exercice à des aspects mentaux particuliers, crée des états de conscience totalement différents de ceux que l’homme ordinaire éprouve quotidiennement.
Mais le type de support de la concentration est chaque fois différent. Il n’est pas neutre car comme il est écrit plus haut nous intégrons ce support à notre conscience autant qu’il nous intègre. Chaque fois la tonalité de la méditation et ses résultats seront donc différents suivant le support utilisé. Lorsqu’on médite sur la Lumière les résultats de la méditation seront imprégnés par la nature spécifique de celle ci et la conception que l’on s’en fait. Il faut donc que l’objet de la concentration convienne au méditant pour qu’il se l’approprie de manière aisée. Ainsi, pour un chrétien, méditer sur le Christ en croix n’aura bien entendu pas les mêmes résultats que chez un asiatique formé dans un autre univers culturel. (cette imprégnation christique pouvant conduire chez certains mystiques comme Saint François jusqu’à l’apparition de stigmates)
L’apparition chez certains sujets de pouvoirs qui peuvent être qualifiés de « supra -normaux »n’est pas liée à leur sainteté ou à l’excellence spirituelle de leur démarche. Car la concentration en elle même ne libère pas si elle n’est pas mise au service de la sagesse et de l’amour. La méditation est d’abord une technique « neutre » dont les résultats in fine dépendent des motivations profondes du méditant.
Les résultats de la concentration sont de plusieurs ordres :
· le calme mental
· la paix intérieure
· le bonheur et la joie
· l’arrêt de la pensée conceptuelle et dialectique remplacée par l’intuition contemplative
Cette dernière caractéristique est éprouvée par tous dans la vie quotidienne à certains moments privilégiés de la vie lorsque la recherche d’une solution est donnée par une intuition soudaine qui ne relève pas de la pensée discursive.
C’est cet état de « fulgurance » intuitive qui peut en quelque sorte être stabilisée est maintenue par la concentration.ª
Les problèmes que nous affrontons quotidiennement viennent tous du mental. La joie, le calme mental, l’amour surgissent du fond de soi. L’intérêt fondamental de la concentration est de calmer le mental. Lorsqu’il est calmé on peut le transformer par la Vision Pénétrante
LA VISION PENETRANTE
C’est une vision sage qui va au delà des voiles qui obscurcissent notre vie de conscience. Cette vision sage nous permet d’aller au-delà de l’apparence des choses et de trouver la simplicité.
Il existe en nous une étincelle divine:en se plaçant au centre de soi on est en communication avec cette part d’éternel. En se plaçant « dans » l’esprit on se met en accord avec notre nature transcendante. . La réalité ultime à atteindre c’est la non dualité
Mais comme dans la concentration la vision pénétrante est une technique .Elle doit s’appuyer sur une double dimension : la dimension intérieure et la dimension altruiste. L’équilibre de la pratique c’est l’équilibre de l’amour et de la sagesse .Les bouddhistes disent que pour voler un oiseau à besoin de ses deux ailes. En maintenant cette intention altruiste au profit de tous les êtres la méditation s’en trouve facilitée. La méditation se place toujours dans un cadre plus vaste .On ne pratique pas seul. Matériellement si la méditation solitaire est recommandée il est intéressant de méditer en groupe pour profiter de l’égrégore du groupe. Par ailleurs spirituellement nous sommes dépositaires d’un bien à transmettre. Nous appartenons à un courant qui nous relie au passé et à l’avenir. Nous pensons trop souvent à tort être seuls : c’est notre illusion.
L’accès à la non dualité nous permet de remédier à cette coupure du monde qui est en nous et de réintégrer l’univers dans l’ordre du Sacré. La vie profane n’existe que comme résultat de cette coupure en nous.
Le Bouddha a eu des maître indiens yogis qui ne sont pas parvenus à l’amener à la libération. Il a élaboré la vison Pénétrante qui lui a permis d’accéder au Nirvana. La conscience ordinaire est altérée par les phénomènes mentaux. Nous ne voyons en effet pas le monde tel qu’il est mais tel que nous avons été conditionnés pour le percevoir (conditionnement de l’éducation, des épreuves douloureuses ou heureuses, contraintes sociétales etc..)Aussi ne voyons-nous jamais LE monde mais MON monde .Je ne voit jamais LA montre que j’ai au poignet mais MA montre. Mais nous ne nous rendons pas compte au quotidien de cette impossibilité dans laquelle nous sommes d’accéder à la vraie nature du réel qui nous reste inaccessible. L’erreur dans laquelle nous sommes est de nourrir un point de vue erroné non conforme à la vérité fondamentale et de fonctionner de manière duelle. Ma première réaction est d’aimer ou de ne pas aimer. En « aimant » ou en « n’aimant pas » je prends partie c’est à dire que je coupe les choses en deux ;je suis partie prenante dans une partie et je ne saisis pas la globalité. Ainsi percevons-nous le monde à travers un certain point de vue qui est nôtre et nous percevons tout à travers ce prisme. La pratique de la vision sage permet de déconstruire ces à priori affectifs qui fonctionnent de manière appréhensive duelle. Quand j’aime quelque chose ou quelqu’un je considère instinctivement que cela correspond à un bien c’est bien ; quand je ne l’aime pas j’attribue à l’objet de mon désamour la notion de mal. Bien et mal se construisent par rapport à des a priori affectifs qui sont les miens. Il faut donc enlever ce voile ou ces lunettes déformantes. Il est nécessaire de se placer à la source de la vue pour ne pas s’identifier à ce que l’on voit .Le principe à respecter n’es pas de « faire »quelque chose en « plus » mais de tout « défaire » pour se détacher. La sagesse fondamentale (le saint Esprit ?) est déjà là (s’il n’était pas là nous ne serions pas présents à cette session).Si l’on se place dans le bon angle de vision ,au bon endroit pour voir les choses, les liens qui nous lient se défont d’eux mêmes.
La technique la plus simple pour y parvenir est de s’imprégner de la sensation du corps assis, vivant , qui respire. Il faut revenir au fondamental et éprouver la sensation du corps qui ne bouge pas .Le seul effort est de regarder cela avec le bon œil .Et juste sentir le corps ! Mais la plupart du temps le mental n’obéit pas à cette injonction apparemment simple. Le mental n’obéit pas à cette consigne de simplicité et je me rends compte à cette occasion que je ne suis pas le maître chez moi. Le mental produit sans cesse des idées , des images, des projets qui me fascinent, m’absorbent ,me captent et je ne prends pas conscience habituellement de cette captation et de cette servitude.
Lorsque cela se produit en méditation il faut simplement que je sois conscient que le mental « redémarre » et que « je pars en images » afin de ne pas me laisser fasciner .Je vois ce qui se passe et j’abandonne la sensation de partance pour revenir sur la vision associée à la méditation. Le schéma de la libération est simple : voir juste et abandonner pour revenir au corps qui est assis.
Les consigne pratiques :
1-Ne s’efforcez qu’à une chose ; rester assis dans ae bonne position.
Aucun objectif autre que celui ci n’est attendu .Le seul objectif : garder les fesses posées pendant vingt minutes sans bouger. Mais pour quel résultat ? Celui-ci sera donné par surcroît (en référence à l’évangile de saint Luc).Le résultat viendra sans que nous le poursuivions. Le fruit est mûr le jour ou il l’est. Faire le travail sans attendre le salaire
2-De tous les phénomènes que je vois, « je » ne suis pas cela.. ceci n’est pas « moi »..
Je ensuis pas cela .. sans arrêt je cherche à m’identifier aux phénomènes mentaux.
Ceci est « ma » montre, « ma » représentation, « ma » femme »c’est à dire que je possède. Cette possession me constitue. Elle est la source des malheurs du monde. Pourtant tout change sans cesse (impermanence), rien ne m’appartient, rien ne dure et pourtant je me ressens stable ; cet attachement illusoire est la source des conflits, des douleurs. Il faut devenir libre par rapport aux choses.
Il faut regarder passer les phénomènes sans s’y attacher ;
ils passent ; on ne s’en rend pas propriétaire et on ne les juge pas .Il faut rester neutre vis à vis d’eux en restant fondamentalement bienveillant vis à vis de soi-même.
Pour les hindous le mental ressemble à une bande de singes dans un arbre : ça piaille , ça saute ,ça s épouille ,ça s’époumone.. La vision pénétrante c’est de regarder les singes dans l’arbre sauter de branche en branche sans sauter avec eux.
Voir et abandonner. Ce processus n’exige ni énergie positive, ni énergie négative : c’est le chemin de tout processus spirituel. Il consiste à tuer le vieil homme (chez les chrétiens /Mais faut il vraiment tuer le vieil homme ?) tuer le Maître , trouver le Bouddha en soi. Pour cela il est nécessaire de prendre une distance d’observation par rapport au schéma sur lequel nous sommes d’habitude « collés ».Objectif « se décoller »pour voir lucidement et ne plus être fasciné.
Dans la vison pénétrante il convient d e noter ce qui se produit par la vue, l’ouïe, la sensation Si mon genou me fait mal, c’est comme ça ; j’examine cette douleur, je l’observe .En faisant cela rien ne nous trouble et nous faisons l’apprentissage de la sérénité. La bonne pratique est au delà du mode de pensée.
Dans un seul et même processus on a la vue juste ET la disparition du lien.
« Ne pense pas au passé Ne pense pas au futur Ne pense pas au présent Ne médite pas N’analyse pas
Laisse l’esprit dans son état naturel
Vers de l’école Kagyupa
Vers de l’école Kagyupa
Mais à quoi cela sert il ? A se libérer !
A voir le fondement divin de l’être à partir du moment ou nous ne sommes plus identifiés aux phénomènes passagers transitoires.
Mais qu’est ce qui reste ? La nature du Bouddha ,la sagesse .Ce n’est pas moi qui m’identifie à Bouddha, c’est moi qui m’efface pour laisser apparaître le Bouddha, le Christ
Le problème de l’individu est souvent de dire « non » avant toute chose au lieu de dire « c’est comme ça ».Progressivement par la pratique j’use les vieilles habitudes de négativité qui diminuent. Au bout de quelques années je change. Ce processus naturel s’accomplit seul :il n’et pas nécessaire de le forcer pour le faire advenir.
Comment Méditer ?
La méditation se pratique assise (en lotus, semi lotus et le plus souvent en position « birmane »ou assis sur une chaise. Principes de base :dos droit, tête légèrement rentrée dans le cou, mains posées sur le giron avec la main gauche posée dans la droite et les pouces légèrement joints,langue appuyée sur le palais, yeux mi clos fixés à 45 degrés sur l’arête du nez.
Les mains :sagesse contemplative à gauche et activité masculine compatissante à droite. La main gauche repose dans la main droite. Les mains forment un cercle avec les pouces qui se touchent. L’ensemble est placé sous le nombril et préserve le précieux trésor de l’énergie à la base de la colonne vertébrale.
La méditation peut également se pratiquer couché ce qui permet de maîtriser le mental pour ne pas céder à la tentation de s’endormir ou au contraire méditer par concentration pour s’endormir le soir (et poursuivre car il existe des techniques de méditation dans le rêve)
On peut être couché sur le dos (dans la position Yoga dîte du cadavre ) ou couché sur le côté droit (dans la position dans laquelle le Bouddha est mort)en regardant à l’infini.
Dans la méditation le changement est lent mais il faut pratiquer quotidiennement. Les effets s’enclenchent naturellement et mécaniquement.
LE MENTAL
L’animus de Jung c’est la conception que l’on se fait du mâle et l’Anima celle de la femme. Tous deux sont en chacun de nous. Avant sa mort Jung admit que le Soi c’est le Soi transcendant (incluant le moi :le niveau supérieur incluant le niveau inférieur) De fait l’Ego est une illusion qui se prend pour une instance psychique.
Le « mental » de Dupont ou Durand « met en forme » à la maniere de Dupont ou Durand des problèmes universels. Qu’est ce qui m’appartient ?(une histoire)Et qu’est ce qui appartient à tous les humains ?Il faut passer du Moi à ce qui est au delà du Moi :à l’Universel.
Toute notre société moderne est conçue, organisée pour que nous ne soyons pas conscients de nous mêmes
La méditation c’est la possibilité de se réunifier. L’ermitage est dans notre cœur (le cœur-ermite).
. Le méditant est symboliquement tourné vers l’est et il est le temple. Tout es donc en l’homme ; il ne lui manque que la clef d’utilisation (rituel de l’arche royale).Il convient d’en tenir compte dans la méditation :le saint esprit est déjà là ;il est dans le Temple.
PRATIQUE DE LA CONCENTRATION
Dans la vision pénétrante l’œil fait 360 degrés alors que dans la concentration on focalise de l’énergie sur un seul point, en un seul degré du cercle. On va choisir quelque chose et éliminer du champ mental tout ce qui n’est pas choisi :on va entraîner l’esprit pour qu’il ne s’intéresse exclusivement qu’à ce sujet. On choisit , on élimine. on cherche à obtenir un résultat .Pour cela on s’intéresse à un support particulier.
Supports de méditation
Exemples /des objets visuels simples :
· un rond blanc sur un fond noir
· un rond noir sur un fond blanc
· un rond de couleur sur un fond blanc
· un mandala tibétain (pratique complexe et difficile)
· une peinture sur tissu représentant le Bouddha ou l’une de ses formes( divinités symboliques du tantrisme)
· le Christ (pour le chrétien support qui a une efficacité pouvant aller jusqu’à la stigmatisation du sujet)
· les cinq éléments :
la terre (un cercle de terre glaise posé devant soi)
l’eau (une coupe d’eau claire)
le feu (une bougie ou une lampe)
l’air (un trou dans un mur)
l’espace proprement dit qui symbolise la quintessence (infinité du ciel)
· le bruit d’une cascade (souvent les méditants établissaient leurs ermitages auprès d’une cascade)
· les bruits artificiels (psalmodies des moines , répétition d’un mantra :om mani padme Houng..Philocalie prière du cœur « Seigneur Jésus fils de Dieu aie pitié de nous »
· la sensation respiratoire (on se restreint à la seule sensation : ça respire
Les effets généraux de la méditation
1/ La « bande des singes » se calme
2/ Le méditant ressent un agréable sentiment de paix
3/ Ce bonheur entraîne une force qui vient (la PITI) ou en sanscrit (PRITI) qui est un état dynamique joyeux (un jaillissement de force interne qui s’accompagne d’un sentiment physique dans le corps ,une sensation de courant énergétique.
Ceci peut être perturbant les premiers te temps. On peut même devenir « méditant-dépendant » de ces effets. Si on continue sur cette voie de manière mystique ou érémitique (on passe dans la voie des extases-ou des enstases) on finit par perdre la notion du monde extérieur et du corps. On est plongé dans un univers uniquement mental. La pensée conceptuelle s’arrête et est remplacée par l’intuition contemplative .Les mystiques décrivent cet état comme « ineffable » car on ne peut le décrire avec des mots (seul la poésie pourrait fugacement en rendre compte).Il existe un danger de s’enfermer dans ce paradis et un autre encore plus grand constitué par l’apparition de pouvoirs paranormaux (télépathie, décorporation, clairvoyance).Dans cet état le temps et l’espace n’existent plus de la même manière. L’esprit peut même agir directement sur la matière (miracles).L’attachement à ces pouvoir conduit à être prisonnier de sa propre volonté de puissance (un gourou hindou du 20° siècle est connu pour être devenu grâce à ses pouvoirs bien réels un escroc international).La concentration seule ne libère pas .Devenue sa propre fin elle peut être cause d’un attachement préjudiciable
Bien utilisée la concentration est un bon outil mais il doit être utiliser avec prudence. Car la seule finalité qui importe et qui libère ,le but demeure la vision sage.
COMPARAISON CONCENTRATION-VISION PENETRANTE
CONCENTRATION
VISION PENETRANTE
On essaye d’obtenir un résultat sans être attaché au résultat.
C’est un effort paradoxal car la vérité de la démarche est toujours sur la lame du sabre
C’est un effort à la fois tendu et détendu.
La perfection de la posture sans être négligée a une importance moindre
La justesse de la posture a une importance capitale
Méditation à pratiquer dans des conditions favorables
Conditions de calme et de sécurité nécessaires et être dans une bonne forme physique (pas avec un rhume d e cerveau)
Méditation à pratiquer dans des conditions défavorables
Les circonstances extérieures sont sans effet. Il est possible de méditer au milieu de voitures ou à côté d’un marteau piqueur en prenant ces sons comme supports de méditation
Le phénomène mental est ici un intrus. On lui tourne le dos et on évite l’inattention en s’intéressant à la respiration.
Le phénomène mental exogène fait partie du travail : il constitue un support et on ne lui est pas hostile.
Techniques de concentration
Ø 1/ Se concentrer sur la Respiration et l’abaissement des côtes. Accorder intérieurement de l’importance à ce phénomène comme observateur sans interférer et sans rien perdre des cycles de respiration..
Ø 2/ Quand une irruption phénoménal se produit lui « tourner le dos » et se réinvestir dans l’intérêt pour la respiration.
Ø 3/ Une technique pour échapper à la distraction consiste à compter jusqu’à 10 (une unité par inspir/expir ) et recommencer :le but est de préoccuper le mental pour qu’il nous laisse en paix
Ø 4/ On peut user d’un mantra de type « om mani padme houng » en rythme avec la respiration
Ø 5/ Au bout de quelques mois on quitte l’abdomen et les côtes pour se concentrer sur le bout du nez (se concentrer sur l’air frais qui rentre dans les narines et la sensation tiède provoquée par l’air expiré)
Ø 6/ Puis dans la pratique de la convergence oculaire faire converger les yeux vers le bout du nez ou le centre du front entre les sourcils. On peut pour cela fermer les yeux (avec le risque d’endormissement) On regarde un point imaginaire derrière les paupières fermées vers le centre du front. Cela favorise l’apparition des « signes de la concentration ».Ceux ci peuvent prendre des formes visuelles, provoquer des sensations cutanée ou auditives.
Premier cas :Le plus souvent ce sont des stimulations lumineuses se traduisant par l’apparition de signes flous et variés. Au fur et à mesure le phénomène se fixe à un endroit et devient plus fort .Il varie d’intensité avec la force de la concentration comme un rhéostat. C’est souvent un cercle lumineux.
A ce stade on se focalise uniquement sur le signe de la concentration » en abandonnant le bout du nez et la fixation oculaire entre les sourcils.
Deuxième cas :apparition de phénomènes sensibles cutanés. Sensation sur la peau ou sur la face haute du crâne. On se concentre sur le point sensible qui est en général situé sur l’axe médian du corps.
Troisième cas : naissance d’un bruit entre les deux oreilles au centre de la tête :bruit d’une petite abeille. Quand le bruit devient intense et stable c’est le signe de la concentration
.
Ø 7 /L’intérêt est d’arriver une fois en arrêt sur le signe de la concentration d’obtenir une production mentale très diminuée avec des pensées très réduites et d’arriver à la « première extase »
Ø 8/A ce stade on décide d’ouvrir son champ de vision à 360 degrés et on bascule dans la vision pénétrante en voyant les pensées qui se présentent avec un état d’acuité et de compréhension gigantesques. Les voir à ce stade n’est plus une gêne.
A un certain stade de la méditation de concentration l’esprit s’écarte et s’ouvre sur la vision pénétrante avec un degré d’acuité jamais atteint.
LES OBSTACLES A LA MEDITATION
L’ILLUSION DU MOI
Le Moi se prend pour ce qu’il n’est pas mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas
.La comparaison traditionnelle qui est faîte est celle de la corde prise à tort pour un serpent .Dévoré par l’anxiété celui qui l’aperçoit est réellement physiologiquement bouleversé par une illusion .L’illusion c’est de donner un statut de réalité à un mirage.
Quelle est l’illusion du Moi ?
C’est d’être autonome, indépendant, existant par lui même. Un existant coupé du reste du monde mais centre de celui-ci (presque Dieu).Au lieu e reconnaître sa dépendance cosmique et sa liaison avec tout le reste du monde et sa dépendance. Cette position égocentrique fait tous les malheurs du monde. Si le Moi reconnaissait ce qu’il est : quelque chose de dépendant, impermanent, bougeant sans cesse il n’y aurait pas de problème. Certes le moi psychologique existe ;Dupont n’est pas Durand (mai Durand 40 ans plus tard n’est plus Durand non plus).Or le Moi s’imaginant autonome et fixe à une répugnance à changer parce qu’il a peur de changer. Tendance à la persistance et à la répétition. Ce que l’on connaît vaut mieux que ce que l’on ne connaît pas. (cf Le tyran Denis de Syracuse pour la survie duquel une femme priait lorsque les barbares entraient dans la cité car elle préférait conserver celui ci qu’affronter un inconnu qui pourrait se révéler pire).Le Moi nous a été utile dans la vie et on ne souhaite pas changer en vertu en quelque sorte des avantages acquis. Mais il ne faut pas « tuer » ou « assassiner » ce moi. Le meurtre du vieil homme est une brutalité inutile. Il vaut mieux le faire évoluer jusqu’à ce qu’il décide de disparaître .Lorsque le Moi qui accepte de changer constate que ses identifications sont des illusions, il perd ses contraintes rigides et accepte de disparaître.
Une appréhension partielle et partiale des choses à l’intérieur ou à l’extérieur. On n’apprécie pas la réalité telle qu’elle est .Avec l’ignorance et l’erreur on trouve toujours un attachement positif et négatif.
Le schéma fondamental des poisons est à l’œuvre sans arrêt. Ma réaction immédiate face à un évènement est : « j’aime » ou « je n’aime pas ».Pour remédier à cela il faut voir l’événement et laisser tomber.
Il est nécessaire de se désinvestir
Le travail sur le Moi est la matière première du travail dans la méditation.
Faire évoluer le Moi , lui donner la possibilité de défaire ses liens et ses attachements est un objectif de réalisation .
LE FONCTIONNEMENT DU COUPLE EXCITATION–HYPO-VIGILANCE
Plage de travail
Limite Haute
Limite Basse
EXCITATION
BAISSE DE VIGILANCE
Somnolence
Excitation
EXCITATION
C’’est le phénomène dît du « torrent de montagne ».Le mental se met à produire à toute vitesse et il est impossible à contrôler. C’est l’équivalent en quelque sorte de la réaction du gosse que l’on souhaite discipliner et qui le refuse. Dans ce cas il ne faut rien faire. Comme devant un torrent de montagne qui déferleil convient de s’asseoir sur la berge et de le regarder couler en attendant qu’il s’arrête. C’est le phénomène de la révolte du mental contre la contrainte.
SOMNOLENCE
A l’inverse de l’excitation la baisse de vigilance entraîne à la « sieste spirituelle ».
Premier moyen de vigilance : conserver une bonne posture physique (ce sont dans ce cas les muscles qui envoient au cerveau des ordres de « mise en forme ».On peut également procéder mentalement à un rapide « état des lieux » : face ,menton ,épaules ,jambes ,colonne vertébrale.
Second moyen de vigilance : se lever et méditer en marchant puis retourner en position assise. Dans l’école Bön qui précéda la bouddhisme au Tibet la circumambulation se pratique à l’inverse de la course du soleil. Elle peut symboliser un retour à l’origine du monde. C’et l e même sens de rotation que le premier voyage de l’impétrant en maçonnerie. Dans le bouddhisme, zen particulièrement, la méditation marchée se pratique dans le sens des aiguilles d’une montre Les mains sont croisées sous le sternum. Le pouce est rentré dans la main droite et la main gauche appuie les deux sur le sternum (dans le centre du corps est l’esprit, le cerveau étant lui le siége du mental).Lorsqu e les mains se placent pour saluer, devant le sternum elle laissent entre elles au milieu un léger creux, place de la pierre philosophale, l’agent transformateur se trouvant dans le vide entre la sagesse et la compassion. Lorsqu’on salue on est ramené à la centralité et à la nature de bouddha.
Avant de s’asseoir on salue le coussin d e méditation qui est le trône de bouddha afin que l’on devienne ou redevienne ce que l’on est vraiment .)
LE DOUTE SCEPTIQUE
C’est un ruse du Moi pour refuser la méditation notamment en programmant des oublis d’horaires, en différant les rendez-vous ,en justifiant les raisons impérieuses de remplacer la méditation par une autre tâche urgente. Cela traduit un désir du moi de ne pas être mis en danger et la meilleure façon est l’immobilisme pour que rien ne change.
Le doute sceptique est une ruse du dénigrement qui vise à trouver infondés les résultats et l’efficacité de la méditation(« le sport serait certainement plus efficace pour ma santé et mon bien être ! Est ce que vraiment cela me convient et est adapté à ma personnalité ?Sans doute la pratique du golf serait elle plus bénéfique ! »)
Face à ce doute destructeur le bouddhisme en revanche prône le doute réalisateur comme une vertu. « Puisque l’on me dit que la méditation est bénéfique j’en fais la vérification expérimentale ! » et je vérifie la véracité de l’assertion. C’est la solution de Bouddha qui incite à ne pas le croire sur parole mais à vérifier ses conseils et à ne devenir son disciple qu’après l a preuve expérimentale de ses dires.
Le bouddhisme ne demande pas de croire mais de faire et de vérifier.§
.
LA DOULEUR PHYSIQUE ET PSYCHOLOGIQUE
C’est la matière première du travail méditatif
.Assis sur un coussin on souffre mais cette douleur est « bénie » puisqu’elle ne présente aucun risque physique .Un méditation sur la douleur dans ces circonstances constitue un entraînement pour les vraies douleurs qui seront notre lot de la maladie et de la mort. Cette douleur dans la médiation est exacerbée par ma peur, mon anxiété, mon intolérance à la souffrance ?Il faut traiter la douleur du genou, du dos en examinant mentalement la nature de cette douleur. Car ce n’est pas MA douleur qu’il faut traiter mais LA douleur. Il est nécessaire d’objectiver celle ci pour travailler avec elle afin qu’elle constitue un support du travail ?
Ces douleurs sont généralement provoquées par des contractures musculaires (notamment quand on est trop incliné en position assise le muscles du dos retiennent la colonne en force et les méditants souffrent de cette contracture dorsale) mais les émotions s’investissent également dans les muscles .
Les plus fréquentes sont les douleurs du trapèze et de muscles des épaules. L’homme est programmé depuis toujours à affronter l’adversaire et à lutter (peut être est ce même inscrit dans notre cerveau reptilien.)Quand l’individu est contrarié ,anxieux ,combatif ou en posture défensive ce sont les muscles de ses épaules qui se contractent les premiers .C’est une des causes actuelles des maladies de dos et des épaules provoquées par le stress et dont beaucoup d e nos contemporains souffrent.
(NB On peut s’auto-frapper avec la paume de la main en se bloquant le coude le trapèze douloureux pour le décontracter. Dans le Zen on fait Kazyuku avec un bâton sur les épaules du méditant qui le réclame)
Quand la douleur est trop grande on peut changer de position en prenant la posture de méditation du Bodhisattva (saluer avant de changer de position et opérer le mouvement sans bruit)
[1] Sanscrit : langue classique de la civilisation brahmanique de l’Inde
[2] Pali : ancienne langue religieuse de l’inde méridionale et de Ceylan
§ Cf « Corps-Ame Esprit par un bouddhiste »Jean Pierre Schnetzler Le Mercure Dauuphinois 2002
ª Cf Héraclite « La foudre gouverne toute chose », interprété par Heidegger et Fink de la manière suivante :les choses apparaissent à l’esprit comme le paysage d’une clairière soudain éclairé par la foudre, et l’impression laissée par cette illumination, par la suite, guide l’ interprétation et, de ce fait, «gouverne » toute chose. Cité par Thierry Gaudin in « Préliminaires à une prospective des religions » éditions de l’Aube .1998
§ C’est d’ailleurs là sans doute une grande différence entre Judaïsme ,Islam, christianisme, hindouisme et le bouddhisme :les premières impliquent la foi ,la seconde l’expérimentation. Cela renforce d’ailleurs les proximités analogiques avec la FM qui fait de la pratique rituellement la condition expérimentale pour avancer vers la Lumière sans exiger préalablement une quelconque adhésion à un vérité exotérique.
Ne pas confondre par ailleurs le doute méthodique chez Descartes et le doute sceptique visé içi.