samedi 14 novembre 2015

LA DANSE DES FEES


Mes mots sont impuissants à dire ce qui est:
ils masquent le réel comme les vagues recouvrent les galets.

Pour comprendre l’être du monde et sa beauté
je devrais le prendre en moi et me résorber en lui
dans un mariage de terre et de poussière dont on ne revient pas.
mais est ce que revenir à le même sens ici que là-bas ?

Je ne sais ou je commence moi-même .
Tout se tient,  mais la chaîne dont je suis le maillon
est-elle chaîne d’union à laquelle m’amarrer
ou chaîne de prison dont je dois me libérer ?

Ce bras, ce cœur, ce sexe
est ce encore moi ou déjà un bout d’étoile 
dont je suis momentanément fragmenté ?
Cette pensée, ce regret, cet espoir
est ce encore moi ou déjà la trace fine de l’éternité
qui se fraye un chemin dans mon sang épais?

Le réel ne se laisse approcher  que subrepticement
évanoui dés que rencontré au détour d’un chemin creux
comme ces fées blondes que j’ai vu je  une nuit d’été dansant sur le marais
qui m’ont laissé à jamais la nostalgie de la beauté

Incapable de vivre  le chaos je reste impuissant à l'ordonner.
Je vis avec un cœur sans cesse refermé sur lui
comme une améthyste cristallisée
qui coupe les doigts qui l'ont caressé.

La vérité n’est pas d’ici ;
Et dans mon désir  de la rencontrer
j’ai  parcouru aveugle des contrées imaginaires
guidé par un inconnu qui serre mon âme avec  âpreté.

Ce besoin d’infini n’est -il que la peur de la fin ?
Mais comment le paquet de matière que je suis pourrait-il avoir peur de ce qu’il est ?
Puisque la conscience d’un ailleurs auquel j’appartiens est présente
pourquoi  ne pas lui faire confiance et n’admettre
comme réel que ce que je crois qui est?

Le croyant et l’athée
ont chacun des paradis  et des enfers différents mais bien vrais
car nous créons l’au-delà de nous mêmes que nous allons habiter.

Seule la fulgurance peut-elle me faire accéder à la connaissance 
et voir ce miroir qui a deux côtés?
Je ne peux m'y contempler à la fois dans l’envers et dans l’endroit
mais je peux   parfois le traverser  certains soirs chauds d'’été
pour aller danser un instant avec les fées.