Mon amie Thaï au perroquet vert
posé sur l’épaule de soie
verrouille la porte du "Bounty Bar".
La lune glaireuse se maille à la brume.
Deux sampans malais épaulent
leurs fines étraves à un cargo Japonais
Des milliers d'ampoules électrisent la rade jaunâtre
et font bleuir l'eau poisseuse sous la lune.
Une foule d'hommes suspendus dans des carrés
aux peintures écaillées de fumée.
Grecs, Maltais, Indiens, Japonais, Russes.
Têtes burinées gueulant des jurons inconnus
qui brassent des cartes à jouer grasses sous des regards
lourds.
Et le vent de Malaisie inlassablement balaie le quai
d'une odeur sucrée lourde comme un secret.
Singapour glacée climatisée
Bulle pasteurisée translucide
Suspendue aux branches de l’Asie.
Buildings accrochés aux reflets d’un ciel blanc.
Déroulé de verre et d’acier
figé sur les orchidées ordonnées.
figé sur les orchidées ordonnées.
L’énergie
s’écoule lentement sur des tapis roulants
qui glissent vers des sanctuaires de marbre
blanc
où officient des marchands chinois aux
regards absents.
On ressent une volupté à se laisser couler
dans la fluidité;
A devenir soi même un rouage vivant de ce moteur
silencieux
qui a fait du monde un supermarché vidé de
sang.
Noël Imbert-Bouchard
Noël Imbert-Bouchard